eatpraylove

Ces temps-ci, je lis « Mange, prie, aime » le best-seller d’Elizabeth Gilbert, qui a été adapté récemment au cinéma avec Julia Roberts en tête d’affiche. Je ne sais pas ce que vaut le film, je ne l’ai pas vu, mais le livre est ce qu’on appelle de la vraie lecture de gonzesse. Il n’y a pas de quoi pavoiser, ni même en écrire un article de blog tant ce pavé est plutôt mal écrit (traduit ?) et dégouline de bons sentiments. Disons, pour ma défense, que sa lecture, le soir, sous la couette, fait bien la blague face à Grazia. Ça m’assomme me détend, et me permet de passer une nuit pas trop mauvaise.

Pourtant l’autre soir, j’en étais à me demander si j’allais continuer à lire ce livre. L’héroïne m’agace un peu avec ses atermoiements sans fin, et ses non-péripéties gustativo-spirituelles ne me passionnent pas plus que ça. Pourquoi donc perdre du temps à lire quelque chose de plutôt médiocre quand il y a tout plein d’autres bouquins certainement meilleurs qui attendent patiemment leur tour sur ma table de chevet ? J’allais lâcher l’affaire, quand un passage a fini par attirer mon attention. Liz, l’auteure, séjourne dans un ashram en Inde, et s’adonne avec difficulté à la méditation. C’est difficile pour elle car son esprit n’arrête jamais de s’agiter, ses pensées rebondissent sans répit, comme un petit singe dans les branches d’un arbre. Voilà ce qu’elle écrit :  « (L’un des problèmes) de ces va-et-vient à répétition dans les méandres de ses pensées est que l’on est jamais vraiment à l’endroit où l’on est. On passe son temps à excaver le passé, ou à scruter l’avenir, mais on se repose rarement dans le moment présent. »

Et là, enfin, je me suis reconnue dans ces lignes. Parce que j’ai toujours le cerveau en ébullition, carburant de mille idées à la minute. Je vis dans le futur, où je me projète en permanence, et je ne m’arrête que pour ressasser mes souvenirs, mes remords, mes regrets. Quand par miracle j’arrive à capter l’instant présent, c’est pour l’immortaliser pour plus tard. Comme Liz (et beaucoup de monde sans doute), je n’ai pas été livrée avec le bouton pause. Épuisant. Frustrant. Mais au final, il faut croire que cette fuite en avant m’arrange un peu, c’est tellement plus facile de se planquer derrière cette espèce de sur-activité neuronale un peu stérile.

Fidèle à mes habitudes, j’ai donc pas mal gambergé sur ce passage. Et puis, au bout d’un moment, je me suis rendue compte que je dramatisais quand même pas mal. OK, j’ai un petit solex dans la tête qui carbure un peu trop, mais il m’arrive parfois d’être pleinement à ce que je fais, bien présente là où je suis. Je peux même quantifier ces plages de sérénité avec précision. Trois fois par semaine, quoi qu’il arrive, je suis ici et maintenant. Trois fois par semaine, je danse, et quand je danse, mon esprit arrête sa cavalcade. Ça marche à tous les coups, que je sois fatiguée, sur-stressée, ou dans une forme olympique. J’ai coutume de dire que danser me vide la tête, mais en fait, c’est faux, danser me pose, danser me fait profiter pleinement du moment présent. Si un jour, je devais m’arrêter, pour telle ou telle raison, il faudra que je me mette d’urgence à la méditation, comme Liz, sous peine d’imploser du cortex. Parce que ça a beau être bateau de dire ça, mais quand je danse, je vis. C’est tellement ça. Quand je danse, je suis. Et c’est déjà pas si mal, non ?

gala2008

23 Commentaires

  1. Ah oui au fait, l’autre jour, j’ai pas osé te le dire pour ne pas te mettre mal à l’aise à l’hôtel de passe, mais t’es super bonnasse tu sais ?
    Et cette photo est sublime….

    :dot: Quoi, même avec ma doudoune et mes ballerines de Marie-Thérèse ? 😆 (mais merci, hein 😳 )

  2. Je vois que nous avons des points commun =)
    (moi j’adore repenser à toutes mes histoires avec de la bonne musique, genre Cocoon, Johnny Cash, etc.)
    Très jolie photo, je ne suis pas la première à le dire!

    :dot: Elle date d’il y a 2 ans, j’aime bien la lumière, ça me fait un visage tout doux…

  3. C’est marrant parce que je suis en train de lire un livre sur ce thème , que m’a conseillé qq1 de cher. Je te le conseille : le pouvoir du moment présent de Eckhart tolle. Un petit bouquin qui fait réfléchir (en tous cas , moi il me fait repenser ma façon de voir)

    :dot: Merci Charlotte, je le note !

  4. Très jolie photo (mais très jolie danseuse, ça aide aussi quand même).
    Bon tu sais, j’ai pas osé te le dire pour ne pas te mettre mal à l’aise durant notre week end, mais t’es super bonnasse tu sais ?

    Hu hu hu (je suis con moi des fois)
    Bon, pour le reste et plus sérieusement, je te comprends, danser, pour toi, dessiner pour moi, aussi, c’est réussir à s’ancrer vraiment dans ce qu’on vit et fait à cet instant là.

    Tiens, c’est crétin mais j’adore cette phrase :
    « Hier est derrière, demain est un mystère, et aujourd’hui est un cadeau, c’est pour cela qu’on l’appelle présent.  »

    Kung Fu Panda (on a les maîtres à penser qu’on peut)

    :dot: Bon sang, toi tu n’existerais pas, faudrait t’inventer. D’urgence !! 😀

  5. je me reconnais aussi dans ton texte, je cogite tout le temps, je rumine et je suis incapable d’arrêter mes pensées pour dormir. je pense que ni le livre ni le film ne me plairaient

    :dot: C’est pas le livre du siècle, c’est clair…

  6. Tu m’as fait chialer.
    Parce que je ressens la même chose et qu’en ce moment, la danse me manque plus que tout. Et il y a un je ne sais quoi qui m’empêche d’aller m’inscrire dans une nouvelle école. (je te dis pas quoi, tu vas te moquer et venir me fouetter avec un sachet de thé.)

    :dot: Je ne me moquerai sûrement pas. Mais j’insisterai lourdement pour que tu passes outre, et que tu retournes prendre des cours 😉

  7. La lectrice de l'ombre Répondre

    C’est beau la passion !
    Je te souhaite de pouvoir danser encore et encore et toujours
    P.S : Jolie photo

    :dot: Merci ! Je compte continuer le plus longtemps possible. Et après, je me mettrai au yoga (et c’est pas des blagues)

  8. tiens tiens, je viens de finir de regarder RDV en terre inconnue avec Frederic L♥pez et Virginie Effira.
    Il vient de faire un sketch (qui a duré TOUTE l’émission !) sur la necessité de vivre l’instant présent, pile poile ton sujet !

    (moi, c’est la lumière/ombre sur ta jambe droite que je trouve jolie…)

    :dot: Je suis tombée sur la toute fin de l’émission, en effet, ça m’a fait sourire de l’entendre parler de ça ! C’était pas prémédité !

  9. Apparemment, on a eu le même programme ce soir, avec Cess. Ton titre m’a interpellée parce que je venais de voir Rendez vous en terre inconnue et qu’effectivement Frederic Lopez a beaucoup parlé de vivre l’instant présent, ce que je m’efforce de faire (difficilement). Il a même présenté deux livres qui ont l’air assez intéressants, mais j’ai eu la flemme de noter le nom. Je vivais trop l’instant, sans doute…

    :dot: Je n’ai pas noté les noms de bouquins non plus… mais Covima, juste en dessous, a retrouvé les titres !

  10. Parce que je suis partie à l’autre bout de la terre (cf l’Australie), je me suis dit que ce serait bien de lire ce livre qui parle de quelqu’un qui se barre à l’autre bout de la terre… et j’ai bloqué aussi.
    Déjà parce que je le lis en version originale et que tout le blabla est décuplé vu qu’il me faut parfois l’aide d’un dico mais aussi parce que j’en suis à la partie méditation justement et que ça ne me parle pas !!
    La partie italienne m’a rappelé mon expérience en Italie pendant un an mais là je bloque. Le côté spirituel de la chose aussi en est la cause.
    Bref, j’ai trouvé un autre bouquin qui est aussi plein de bons sentiments mais qui pose de vraies questions sur comment profiter de l’instant présent, c’est « my tuesday with Morrie », je ne sais pas le titre en français par contre.
    Je te le conseille du coup 🙂
    Bonne lecture

    :dot: Merci Charline, je note le titre, au cas où j’ai le courage de le lire en VO !

  11. Tu me fais penser à cette très jolie chanson « Elle danse seule » de de Palmas.
    « Elle danse, seule,
    Ephémère et légère »

    :dot: Tiens, je ne la connais pas, cette chanson ! (c’est marrant que cette photo te fasse penser à ça, je ne danse jamais seule, on est toujours en groupe 😉 )

  12. Françoise-de-Belgique Répondre

    « Où êtes-vous quand vous n’êtes pas présent à vous-même? »
    À moi qui pratique la méditation zen (et puis un peu la danse aussi), le parallèle me paraît évident : mettons que tu fasses une pirouette, si tu n’es pas pleinement là, et si tu n’es pas pleinement (dans) ton geste, tu te ramasses (ou en tout cas, tu as de bonnes chances), c’est aussi simple que ça. Sinon, le jour où je me suis rendue pour la première fois dans un dojo zen, une chose m’a frappée : le sentiment d’être « rentrée à la maison ». La méditation, ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille (et ça n’a rien à voir avec la « zénitude » – d’ailleurs si on n’était zen, on n’aurait pas besoin d’en faire ;-)), par contre, ça permet de laisser un peu décanter tout ce qui encombre l’esprit les trois-quarts du temps et de démonter nos bonnes vieilles habitudes et mécaniques mentales qui nous pourrissent la vie sans qu’on s’en rende trop compte (« c’est encore moi qui… », « je suis quelqu’un qui… », « ça n’arrive qu’à moi »…)
    Tiens, si tu es en quête d’un chouette bouquin à lire, je te conseille le très beau recueil de textes de Joshin Bachoux, nonne zen en Ardèche, « Nouvelles de mon jardin zen », qui invite justement à se poser, à ouvrir tout grand les yeux et les oreilles et… à respirer à pleins poumons.

    :dot: Rha, respirer à pleins poumons, c’est ce à quoi j’aspire ! Merci pour le bouquin Françoise !

  13. Elle est magnifique cette photo 🙂
    Mon cerveau n’est jamais sur pause… Et en ce moment je galère à m’endormir à cause de cela…

    :dot: débranche, miss !

  14. J’allais te parler d’Eckhart Tolle, mais je vois que ça a déjà été fait plus haut.

    Très belle photo de toi.
    Bisous.

    :dot: Du coup je viens de le commander sur amazon 😉

  15. C’est hier que tu aurais dû poster cet article … j’ai acheté ce livre ce matin !! Et maintenant je me dis que je n’aurais peut-être pas dû. Surtout que je suis du genre bon public qui ne délaisse jamais un livre des fois que ça s’améliorerait au fil des pages … Enfin, je vais bien voir l’effet qu’il me fait !
    Ah, et sinon, très jolie photo !!

    :dot: Hé, mais je l’ai posté hier 😉 Et puis, on ne sait jamais, peut-être que toi tu l’aimeras (je n’ai pas encore laissé tomber, je suis motivée pour le terminer, en fait)

  16. Je crois que nos modes de vie occidentaux ne nous aident guère à décrocher… Et on est tous pareils : à ressasser le passé, à s’inquiéter du futur, et jamais vraiment dans le présent (j’en suis aussi). Je suis d’accord pour la danse : moi qui n’en fais que depuis quelques mois, je trouve que c’est le seul moment de ma semaine où j’arrive à me concentrer et à être là. En même temps, si on ne l’est pas, on n’arrive pas à faire les mouvements 😉
    @ Ginie et son paillasson : les deux livres cités dans l’émission hier soir sont : « Imparfaits, libres et heureux » de Christophe André et « L’éveil des sens » de Jon Kabbat-Zin.

    :dot: Oui, on est en quelque sorte conditionnés à ça. C’est d’autant plus précieux de pouvoir s’en échapper de temps à autre, du coup. (merci pour les titres des bouquins !)

  17. J’ai aussi le même sentiment pour la danse. J’avais déjà ressenti ça plus jeune lors de concerts de piano. Mais j’ai arrêté, trop de pression…
    N’empêche, cette impression de ne plus rien entendre, de ne plus rien voir (je ne savais vraiment pas à la fin du morceau si j’avais bien ou joué ou non, j’étais comme coupée du monde et donc même de la musique que j’étais en train de jouer!) me manquait terriblement. Et je l’ai retrouvée pour un temps dans la danse. Mais la « pression » me rattrape toujours si vite…
    J’ai bien aimé moi le livre « mange, prie, aime ». J’ai même bcp aimé! Au point que j’aille voir le film, et là, par contre, j’ai détesté!
    Merci pour ce chouette post!

    :dot: Ce que j’aime, aussi, c’est qu’à la danse, on n’est pas seule, on est dans un groupe, un ensemble. Rien de pire que de danser pour soi, dans son coin, au milieu d’autres qui font pareil. Du coup, il y a peut-être moins de pression, comme tu dis, qu’au piano, où tu joues en solo ?

  18. ça me parle aussi ce que tu dis, suis en plein dedans ,) à lire aussi « le philosophe nu » de Jollien qui parle bcp de ça (être dans l’instant, ici et maintenant, présent à soi…).

    :dot: Et hop, une idée de livre en plus, merci ! Vaste sujet 😉

  19. Oh mais moi je l’ai bien aimé ce bouquin! Enfin surtout le passage dans l’ashram puis après en Indonésie! Par contre le film ne m’attire pas du tout…
    Vivre l’instant présent, tout un programme! Moi je pense que c’est déjà pas mal quand on y arrive de temps en temps quel que soit le moyen employé…et tu as la chance d’avoir la danse pour ça alors profite!!!!

    :dot: Oui, tous les moyens sont bons ! Mais je dirais pas non à un peu plus de maîtrise du présent au quotidien 😉

  20. J’ai toujours pas trouvé ce bouton OFF … sauf peut être un soir par semaine lorsque je joue du violoncelle… et encore …

    Plus que la photo, ce que j’adore, c’est ta façon d’écrire … j’aimerais pouvoir en faire autant …
    j’ai bien un blog sur lequel je mets des photos de mes enfants mais je ne prends pas le temps d’y écrire … il faudrait …

    Egaye encore des millions de fois mes débuts de journée avec ton blog !

    :dot: Merci beaucoup pour ce joli commentaire, Fabienne, il me touche beaucoup ! Et essaye l’écriture, c’est pas mal aussi comme bouton OFF !

  21. La danse c’est vrai que c’est génial pour se vider la tête. Moi je me suis mise au yoga et crois moi, pour ça, c’est juste GE-NI-AL !

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