Mamisa_blank275Ma grand-mère paternelle, Mamisa, est née en 1913 à Buenos Aires (Argentine) et a vécu toute son enfance à Rio de Janeiro (Brésil). Elle a perdu son père très jeune, sa mère s’est remariée et elle a été élevée par son beau-père. Sa demi-sœur Moune est née en 1925. Elle vit depuis 1937 à Casablanca (Maroc).

Je vous ai raconté les quelques mois passés en France, à l’automne 1956. Ma grand-mère et ses enfants étaient « à l’abri » (et au frais) lors des évènements de l’indépendance du Maroc à Lannemezan, tandis que mon grand-père restait fidèle au poste (et au soleil) à Casablanca.

Outre le froid lannemezannais, désormais légendaire, un autre aspect de la vie française qui a profondément marqué Mamisa, c’est l’hygiène de l’époque. Dans les années 50, en effet, il n’y avait pas de salle de bains dans les maisons, du moins pas dans cette région. Les hommes allaient aux bains publics, mais comment faisaient les femmes ? Mystère. A vrai dire, Mamisa n’a pas cherché à savoir, elle a préféré agir. Le matin, elle se contentait d’un simple débarbouillage du visage dans la cuisine, elle s’habillait et amenait les enfants à l’école. Le soir, une fois toute sa petite marmaille couchée, elle faisait chauffer de l’eau, en remplissait une bassine, traversait la cour de la maison et allait au lavabo attenant au garage. Elle éteignait la lumière pour ne pas être vue de l’extérieur et se lavait bien consciencieusement. Rudimentaire et efficace.

Mamisa n’aurait pu se passer de sa toilette quotidienne. Étant née et ayant vécu exclusivement dans les pays chauds, elle y était habituée depuis toujours. Au Brésil, c’était si courant que même au début du siècle, on ne pouvait pas employer une domestique si celle-ci n’avait pas ses propres toilettes et sa douche. Lors de son premier voyage à Paris, à l’âge de 8 ans, elle fut réprimandée par ses parents pour avoir ouvert frénétiquement tous les placards de l’appartement qu’on leur prêtait. Elle cherchait désespérément la salle de bains ! Ce qu’elle ignorait à son âge, c’est qu’il n’y en avait pas : les toilettes étaient sur le palier et on se lavait à la cuisine. Mamisa n’en croyait pas ses yeux…

A son retour à Casablanca, après ses 3 mois d’exil, la première chose que Mamisa demanda à son mari fut d’installer une douche dans la maison de Lannemezan. Cela fut fait l’année d’après et dans la petite bourgade, ce fut l’évènement. Toute la ville défila pour admirer le cabinet de toilettes !

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13 Commentaires

  1. Et oui, la France était en retard sur de nombreux plans. Le téléphone, par exemple: à Casa, j’ai toujours connu le téléphone automatique ( ton arrière grand-père était un pionnier des communications).
    Quand je suis arrivée à Pau en 1968, il fallait encore passer par une opératrice pour téléphoner à Mont de Marsan!

  2. C’est clair que question hygiène on a fait un ond en avant en peu de temps. Et heureusement! Quoique ce soit encore très courant à Copenhague d’avoir la salle de bain non pas dans son appart mais en commun et au sous-sol. Moi non plus n’en croyais pas mes yeux lorsque j’ai découvert ça. Dans un des pays les plus riches d’Europe en plus!

    :dot: C’est peut-être du à leur culture sauna, allez hop, tous à poil en groupe ?

  3. Et oui, les français gardent leur réputation, outre celle d’être de grands séducteurs, d’être sales !!!
    La plupart des apparts à paris d’ailleurs relatent par la taille minuscule des salles d’eau, ce retard !

  4. C’est une série de billets très sympathiques !

    Et ça me fait penser qu’il n’ya eu de salle de bain chez ma grand mere parternelle qu’en 1992…

  5. Cette question d’hygiène fut telle pour tante Alphonsine, élevée dans une famille aisée et munie du plus élémentaire, qu’elle exigea de son mari très tôt, une maison, dans laquelle il se devait d’y avoir les toilettes ET une salle de bain…
    A l’époque c’était vu comme une excentricité…
    Encore aujourd’hui, les chambres de bonne, c’est toilettes communes sur le pallier. C’est ça où rien…

    :dot: Encore aujourd’hui ? ça me semble tellement d’un autre temps, c’est dingue !!

  6. ah mais attends faut se laver tous les jours??? lol nan sans rire j’admire sa force de caractère, j’aimerais bien la connaître ça doit être une femme très sympathique

  7. Et ton popa, elle le faisait tremper en damart ds le lavabo ?

    :dot: Ouaip, après il courait autour de l’église pour sécher :mrgreen:

  8. Rinavoir: merci d’aller commenter C’est ALice siltiplé, on t’a mis des mots, faut répondre, c’est plus poli ^^

    :dot: Euh, lapin compris (je rentre tout juste, là, c’est pour ça que je ne réponds pas à tout le monde, désolée !!)

  9. Elle a découvert en 1950 à Lannemezan que le tout à l’égout n’existait pas partout!
    Et je me rapelle , étudiant à Paris et habitant dans le XVIIème dans un immeuble des années 1925-30, que ma logeuse me racontait les discussions sans fin des copropriétaires quand aprés la guerre l’eau courante a été installée dans chaque appartement!
    Et le branchement au réseau d’assainissement à la maison ne date que depuis 10 ans!
    Et il est tard, je vais me coucher.
    ……Et j’allais oublier de me laver les dents!

    :dot: Ah ben, c’est du propre !!

  10. C’est vrai que chez mon grand-père décédé au début des années 80, il n’y avait pas de salle de bain et les toilettes étaient des toilettes sèches au fond du jardin (ceci dit, ça revient à la mode les toilettes sèches hein, il était trop en avance sur son temps mon pèpère 🙂 )
    Ma fille au pair mexicaine a ouvert des yeux comme des soucoupes quand elle a découvert la taille de nos salles de bain (oué, on en a 2 !! une avec douche, et une avec baignoire); on ne peut pas se caser à deux dedans. Chez elle, elles sont tellement grandes les salles d’eau qu’ils y mettent leur dressing …

    :dot: Les pays chauds, quoi ! (purée, les toilettes sèches ça c’est un truc qui m’intrigue)

  11. au risque d’être redondante… J’adore lire ton blog !!!

    :dot: Merci, j’aime bien la redondance, quand c’est dans ce sens-là ! 😉

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