Toutes les bonnes choses ont une fin, paraît-il. Je confirme, cette expression idiote est malheureusement vraie.

Ma semaine chez Mamisa est passée à la vitesse de la lumière. Nous avons beaucoup ri, beaucoup parlé, ma grand-mère m’a raconté des tas d’anecdotes croustillantes sur sa vie, que je me suis empressée d’écrire dans un petit carnet. J’ai compris que mon projet un peu fou de l’été dernier, la faire revenir en France, près de nous, était une erreur. La vie de Mamisa est ici, à Casablanca, dans son petit appartement au quinzième étage, avec vue sur le parc et sur la mer. Que même seule, il y a toujours quelqu’un pour veiller sur elle. Changer de vie, à son âge, ce serait lui faire perdre sa force, son indépendance. Même si ça me fend le coeur de la savoir si loin, et de la voir si peu.

Mon dernier jour à Casa, mercredi, après une éprouvante expédition chez le dentiste, nous sommes allées déjeuner chez sa sœur et son ami. Pour l’occasion, nous avons débouché la bouteille de champagne planquée dans ma valise et bu joyeusement à notre santé. Il en restait un bon fond, alors nous avons ramenée la bouteille avec nous, et le soir nous avons trinqué, une dernière fois, pour mon départ. Un peu pompettes, nous nous sommes prises en photo, et puis Mamisa est allée se coucher, exténuée de sa journée. Moi je suis restée seule, au salon, contemplant cet endroit qui m’est si cher, peut-être pour la dernière fois.

Ce soir-là, j’ai mis du temps à m’endormir, même si je savais que la nuit serait courte. Le réveil a sonné à 5h, je me suis habillée en vitesse. Puis Mustapha, le chauffeur de taxi est venu me chercher. J’ai embrassé ma Mamisa à peine réveillée, et je suis partie.

Assise à l’avant du taxi roulant à toute berzingue dans la ville endormie, sans ceinture de sécurité, je n’ai guère eu le temps de me laisser aller à la nostalgie, j’étais bien trop cramponnée à mon fauteuil.

Mustapha m’a déposée à l’aéroport, le jour se levait à peine et il faisait gris. J’ai passé sans encombre les différentes formalités douanières, j’ai attendu longtemps dans la salle d’embarquement glacée, puis je suis montée dans l’avion. Il a décollé, presque à l’heure. Aurevoir Casa, aurevoir Mamisa. Merde, pourquoi j’ai pas pensé à prendre des mouchoirs ??

(Mamisa en 1931)

12 Commentaires

  1. Je ne connais de cette histoire que ce que tu as pu en raconter mais j’avoue que je me suis toujours demandée si la faire revenir était la solution idéale: elle a toute sa tête, est bien entourée alors finalement ça vous aurait plus rassurés VOUS qu’autre chose :))
    Je soupçonne même cette petite maligne de Mamisa de t’avoir accueillie les bras ouverts bien sûr par bonheur de te revoir mais aussi pour te montrer qu’il ne fallait pas t’inquièter pour elle ;)) Elle t’a fait le coup du « vis ma vie » pendant 1 semaine et toc tu es convaincue ;))

    Pour conclure sur une note plus légère, je suis ravie de voir que visiblement la France a fait moins de difficultés à te laisser rentrer dans le pays qu’à en sortir, bizarre, d’habitude c’est plutôt l’inverse ! :o))

  2. Inutile de te rassurée sur le fait que ta mamie reste surement ravie de ton passage. Et même si tu voulais la ramener, elle sait qu’elle représente beaucoup pour toi et qu’elle en est très heureuse.

  3. J’adore les photos anciennes, les femmes étaient sublimes, très classe, ça fait rêver je trouve. C’est un joli post que tu nous as écrit là!

  4. C’est un joli billet que tu nous as écrit. Je me remets de la chair de poule que j’ai sur les bras… J’espère que tu la reverras ta Mamisa quand même 🙂

  5. J’ai particulièrement aimé lire tes aventures à Casa notamment ce dernier billet m’a rendu toute chose ! Mamisa quel sacré bout de bonne femme !

  6. Très beau billet…
    Je n’ai malheureusement plus ma grand mère mais mes plus beaux souvenirs etaient ceux vecus avec elle…
    Ta mamisa est a l’air d’être un sacré bout de femme et j’espère que tu auras l’occasion de retourner la voir.
    Agathe

  7. Pfff ! Shalima !! pourquoi tu me fais toujours avoir la larme à l’oeil !!! 🙁
    Mamisa : tu sais qu’ elle est vraiment énervante ta petite fille ? 😉

  8. Allons, allons, allons, tu y retournera! Mais si!
    En tout cas, je le sens!
    Merci de cette série Casa, je m’y suis sentie. Sauf que sans la tourista, moi.
    Mais t’es arrivée avec les bagages?
    (Attends, ils t’ont pas volé le champagne? avec ma cancoillotte, ils auraient été ravis!)

  9. mais oui, tu y retourneras, pourquoi non?
    sinon j’adore la photo, je ne l’avais jamais vue; je crois que j’ai toujours connu ta mamisa avec des cheveux blancs

  10. moi c pareil, je ne l’ai vue qu’avec ses cheveux très blancs et ses beaux yeux verts (qu’elle a tjs eus)…
    Elle ne vient pas cet été ?

  11. Brrrr….
    Comme je te comprends d’avoir laissé quelques larmes sur le fauteuil de l’avion…

    C’est vraiment quelqu’un ta Mamisa !

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