Ce matin du 2ème jour, nous émergeons avec grand peine de notre lit douillet. Car il faut que je vous dise, ce lit-là, mes amis, c’est le lit ULTIME, jamais aucun autre ne pourra l’égaler ! Large, certes, mais surtout incroyablement moëlleux tout en restant ferme, on s’y sent comme lové dans un nuage tout doux. Garni d’obèses oreillers douillets et d’une couette aussi légère que chaude, ce n’est plus un lit, c’est le chef d’œuvre de la literie. Tout simplement indescriptible. Si le Paradis existe, c’est ici même que Dieu roupille tous les soirs.

Pourtant il va falloir se résoudre à quitter cet endroit de rêve. L’hôtel est magnifique, mais trop loin du centre de Dublin. Le petit-déjeuner à 25€, ça ne va pas être possible non plus. Bref, la mort dans l’âme, MrChéri descend à la réception et demande à ce qu’on nous trouve un autre hôtel, plus proche. Après moults coups de fil, on nous dégote la perle rare, un hôtel 3 étoiles à deux pas d’O’Connell Street, au coeur même de la ville. Et pour s’excuser du « désagrément » occasionné (mouarf, les riches ont de l’humour, parfois), les petits-déjeuners nous seront offerts, et l’hôtel nous envoie un taxi pour rejoindre notre nouvelle demeure !

Je quitte à regret notre belle chambre, non sans avoir vérifié plusieurs fois s’il était possible d’embarquer discrétos Juan Carlos le lit de mes rêves. Mais je dois me faire une raison, ni lui, ni l’étrange presse à pantalon mise à notre disposition dans le placard de l’entrée ne tiennent dans ma valise. Dommage !

Le taxi ne tarde pas à arriver, et nous fait traverser la ville à toute vitesse. Oubliez tous les poncifs que l’on sert habituellement au sujet des chauffeurs de taxi. L’Irlandais qui nous drive est le type le plus charmant de la terre. On papote comme de vieux friends tout du long : rugby, neige, France… il nous souhaite même un bon match avant de nous quitter d’un petit signe de la main. Incredibeul.

Le Maldron, notre nouvel hôtel est plutôt sympa. La chambre est spacieuse et clean, et je kiffe la déco fraichement refaite façon seventies, en particulier la moquette psyché-délire du couloir (non, je ne l’ai pas fumée !)

A peine nos valises posées, il nous faut passer aux choses sérieuses : il est près de 10h du matin et nous n’avons pas encore petit-déjeuné ! Un Irish Breakfast de derrière les fagots s’impose !

Nous nous dirigeons vers Temple Bar Street, THE rue où pullulent les pubs qui se respectent. En ce matin de tournoi des VI Nations, elle grouille déjà de supporters, la plupart français. Impossible de les louper ceux-là, ils circulent par groupes de 5-6, un petit sac en papier Carroll’s débordant de souvenirs irlandais à la main, et arborent fièrement le béret basque vissé haut sur le crâne et le polo bleu enfilé sur le pull, froid cinglant oblige. Quand on les croise, l’accent du sud-ouest me saute au visage, pour un peu, je me sentirais presque chez moi !!

Nous jetons notre dévolu sur un des premiers pubs de la rue, le Gallaghers Boxty House. Pas de frenchies à l’horizon. Les serveurs, tous en maillot de rugby vert à trèfle et sourire jusqu’aux oreilles sont aux petits soins pour nous. Toutes les conditions sont réunies pour apprécier pleinement mon premier (mais certainement pas dernier) Irish Breakfast, bien roboratif comme il faut :

Rien ne manque : des toats, des sausages, un egg miroir, du bacon, du pudding, des mushrooms et des tomato beans, il y a même une rondelle de tomate pour la caution végétale de ce festin pantagruélique. Arrosé de thé bien fort, pour faire descendre le tout, évidemment. Miam !

Il nous faudra un bon moment pour venir à bout de notre assiette et sortir en rampant de ce pub fort sympathique. Il nous reste quelques heures avant le début du match, nous partons à la découverte de la ville, l’estomac lesté et le nez au vent. Le froid se fait de plus en plus vif, et les rues s’animent crescendo. Les plus beaux bâtiments se sont mis aux couleurs de l’Irlande et de la France.

C’est incroyable, la ville entière palpite au rythme du rugby, les supporters sont partout, les vendeurs d’écharpes à la sauvette aussi. On nous aborde régulièrement « Tickets ? Tickets ??« . Non mais ça va pas ? Même pas en rêve qu’on les revend nos billets !

15 heures, nous déposons nos affaires à l’hôtel, enfilons une doudoune bien chaude, sans oublier le béret plus que jamais d’actualité, et nous partons à pied pour le stade. Au bout d’une avenue noire de monde, surgit Croke Park, gigantesque arène de béton. Pour y accéder, le quartier a été sécurisé, interdit aux voitures. Nous devons montrer patte blanche à l’entrée d’une petite rue et poursuivre notre chemin à travers les pavillons rouge brique, jusqu’au stade.

En moins de 5 minutes, nous sommes à l’intérieur, dans notre tribune. Notre cousin ne s’est pas fichu de nous, nous sommes au troisième rang du virage droit, le nez quasi dans la pelouse ! La visibilité est parfaite, on pourrait presque toucher les joueurs qui commencent à s’échauffer (mais on n’a pas osé, on sait se tenir) (dommage)


(Chabal mène la danse)


(et il saute haut, aussi)


(reviens, Clément, reviens !!)


(avant l’effort, le réconfort… un câlin, et c’est parti !)


(80 minutes dos à la pelouse, ya de quoi faire un petit peu la tronche, quand même)

L’heure du coup d’envoi approche. J’ai le coeur qui palpite, une vraie midinette. Le stade est désormais comble, il n’y a plus un siège de libre, l’ambiance est électrique. Les hymnes retentissent, je chante à pleins poumons, j’en ai la chair de poule. Le match commence enfin. Ça joue bien. A chaque faute, à chaque action, je crie, je saute sur place, une vraie déchaînée ! Mes voisins ne sont pas en reste, chacun son tour, selon qu’il soit français ou irlandais.

La lune se lève sur Croke Park, c’est magnifique. Je me sens portée par cette marée humaine. Un moment, j’ai eu l’impression qu’on était nombreux, nous les Français, à chanter la Marseillaise ou à hurler « Allez les Bleus ». Jusqu’au premier essai irlandais, où tout le stade se met à vibrer au son puissant de « Fields of Athenry« . Ce chant traditionnel repris en chœur par 60 000 spectateurs restera pour moi l’émotion la plus puissante ressentie au cours de ce voyage. L’Irlandais vous prend aux tripes, et ne vous lâche plus.

Alors oui, c’est vrai, on a perdu, non, l’arbitre n’a pas été très juste, bien sûr, on aurait du mieux jouer. Mais du bord de la pelouse, ce n’est pas ça que je retiendrai. Ce que je retiendrai, c’est la ferveur, l’enthousiasme, le fair play qui ont baigné cette fin de journée glaciale et quasi magique…

Bon et puis après, on a fait comme tout le monde, hein… on est allés se consoler au pub !

à suivre…

22 Commentaires

  1. Dis donc, la moquette de ton hotel fait un peu Shinning. T’as pas flippé ???

    Sinon j’ai regardé les photos, à part le match (forcément j’ai meme pas pu le voir), elles ressemblent aux miennes, en mieux.
    Ben ouais, mon appareil est un peu nase.

    Maintenant, stop la Guiness et le Jameson (avec ou sans Cranberry) et remettez vous à l’eau…

    :dot: Attends, elle est démente cette moquette je l’adore (tu aurais vu celle du premier hôtel, là, pour le coup, c’était du 200% Shining !!) Pour les photos, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? on est pas frangins pour rien ! (ou alors on manque cruellement d’imagination 😆 )

  2. Bon, c’est pas très original, ça doit faire 1000 fois qu’on te le dit, mais tant pis ça fera 1001 fois… Merci pour tes billets, un vrai petit moment de plaisir quotidien…!

    :dot: Ah mais pas du tout, moi ça me fait tjrs plaisir de lire ça ! 😉

  3. La lectrice de l'ombre Répondre

    C’est comme si on y était !!
    Waouhh, je n’ai jamais eu l’occasion d’aller voir un match de rugby « en vrai », je crois que je vais rajouter ça sur ma liste des choses à faire avant 40 ans..(plus que quelques mois, ca va etre tres difficile)
    Et la Guinness, tu as aimé ?

    :dot: J’ai vu mon premier match au stade des 7 deniers à Toulouse avec mon père, j’avais 14 ans. C’est là que j’ai chopé le virus. C’est une ambiance incroyable, à mille lieues d’un match de foot. A la fin, on serre la main de son adversaire et on va boire un coup. Ne passe pas à côté d’un truc pareil !

  4. moi la moquette, elle me rappelle plus Las Vegas Parano lol 🙂
    (Ca donne envie, envie, envie)

    :dot: Prochaine destination ? les scones sont plein de beurre, mais les pubs sont quasi tous ouverts aux enfants !

  5. hannn un match a Croke Park, mon rêve (avec Murrayfield et l’edenPark….) Chaque année, je me dis que je vais nous organisez un petit week end en amoureux à Dublin, à Edimburg, et chaque année je m’y prends trop tard. De toute façon, mon homme c’est avec ses potes qu’il rêve d’y aller, pas avec moi 😀

    T’as trop de la chanceu!! 🙂

    :dot: C’est clair qu’il faut s’y prendre TRES tôt. On a réservé avion et hôtel en octobre, je crois. Quant aux places pour les grands matchs, il faut passer par les clubs, les fédérations, sinon c’est mort… bref, vaut mieux connaître du monde ! Murrayfield, ce sera sans doute notre prochaine destination rugby… mais pas tout de suite ! 😆

  6. Comme dit la lectrice le l’ombre … comme si on y était … et ça donne des regrets de ne pas y avoir été … pour le match et pour la soirée … dont j’attends des nouvelles !!!

    :dot: la soirée ? pub bondé, musique live à fond et Guinness à gogo ! des frenchies partout et des Irlandais braillant « Ireland » à chaque béret croisé. Un chouette moment, quoi 😀

  7. ouéé c’est à la fédé ou dans les comité régionaux qu’il faut connaitre du monde, quand je vais au comité on me regarde l’air exaspéré et on me dit « alors qu’est ce qu’elle veut encoooooooooooooore la p’tite dame… » grmmmfffffff

    Ma prochaine destination rugby c’est Jean Bouin dans une semaine 🙂

    :dot: Bon match !

  8. Moi j’ai vécu ce que tu racontes à Murrayfield (j’ai vécu 2 ans en Ecosse).
    Ce jour là aussi on avait perdu,
    Et ce jour là aussi, on s’était tous consolés et réconfortés au pub!
    J’avais eu mes billets par le mari de ma logeuse, donc, en plus, j’étais dans la tribune des supporters écossais : un grand moment!!

    :dot: excellent ! C’est marrant, là c’était hyper mélangé, j’ai pas eu l’impression qu’il y avait des tribunes réservées…

  9. Eh bien ca donne envie d’aller en Irlande dis moi ^^
    Et Chabal… Ah Chabal… hihihi
    Bisoussssss!

    :dot: J’ai mis ces photos parce que je sais que certaines qui viennent régulièrement ici ont un petit faible pour lui (ma préférence va plutôt vers Clément Pointrenaud, surtout quand Jean-Ba Elissalde n’est pas sélectionné 😉 )

  10. waouh…..
    alors là, franchement.
    je sais pas, ça me fout des frissons, tout ça.
    le petit dej’, bien sur, hein?
    (en vrai, je suis jalouse, une fois j’ai fait un match de rugby des VI nations, c’était un France Angleterre, au Stade de France, et je crois que ‘jai vécu les moments les plus intenses, et pourtant, je ne suis pas aussi fondue de rugby que toi!)

    :dot: Le petit déj,le temps que tu digères, t’as quelques frissons, ouais, c’est vrai ! 😆 (j’ai vu un France-Angleterre aussi, ya, attends, 6 ans ? c’était géant, on avait gagné, en plus !! Impossible de ne pas aimer le rugby, après ça 😉 )

  11. l’irish breakfast, c’est avec de l’irish coffee??
    tu racontes super bien les histoires pour grand, j’adore!! je me suis régalée du début à la fin, haletante que j’étais….. et ça se termine en apothéose….

    en ce moment, c’est défilé de kilts dans les rues de paris!

    :dot: Non, pas d’Irish Coffee en plus, sinon tu exploses, je crois! :mrgreen: Ah c’est cool, cette aprem, je suis devant ma télé !!

  12. Ah!!! mais c’est une maladie le soccer chez vous!! dsl, le football. Je suis canadienne (québécoise en fait, française ET irlandaise, le meilleur des deux mondes, muahahahahaha) et nous le hockey, c’est pas mal plus…barbare. On a pas mal moins de classe… Faudrait que j’me déplace pour voir ça un jour, mais entre France et Irlande j’aurais un dilemme 😀

    :dot: Ap, malheureuse, ne dis pas ça, c’est pas du soccer, c’est du RUGBY ! 😆

  13. C’était un 200X200 le lit ou quoi??
    Bonté divine, mais je sais pas si je supporterais moi, l’Irish Breakfast. C’est un poil indigeste ce truc, non?
    Et le rugby, tu vois, j’y connais absolument rien (le fot non plus d’ailleurs). je ne suis pas très « jeux ». Mais j’avoue, une fois, on m’a traînée dans un stade. et rien que pour l’ambiance, les gens qui chantent, toussa, j’étais euphorique! Rien de comparable avec le match que tu regardes à la télé!

    :dot: C’est clair, ça te file la chair de poule en moins de 2 ! j’adore ! Pour l’Irish breakfast, en fait c’était notre repas principal de la journée, on tenait facile jusqu’à 17h pour un petit thé avec des scones !

  14. génial, génial, génial…. les photos du concours de la photo de famille sont en ligne !!! et puis bonne fête pour la st valentin !!!

    :dot: Cool, je vais voir ça !

  15. Et ça va, Juan Carlos ne te manque pas trop ? 😉

    :dot: Siiiiiii (mais même pas en rêve il rentrerait ds notre mini chambre, snif)

  16. Punaise, j’y étais … enfin presque 😉 Je veux cette moquette, je veux ton petit déj’ et surtout … je VEUX Chabal !!!!!!

    :dot: Il est rien que pour toi, ma poule !

  17. Ah ben bravo, la fin au pub.. N’importe quel prétexte est bon pour s’en jeter un, à ce que je vois..
    Je ne vous félicite pas 😀

  18. Tu racontes si bien : on s’y serait presque crû en plein de dans!!!… Moi je ne l’ai vu qu’à la TV mais avouons que Chabal à quelques mètres c’est quand même plus chouette!!!…
    Sinon, ça rigole pas question Brunch à Dublin dis donc!!!… C’est Pantagruélique!!!…
    Merci de ce récit comme si on y était…
    Bizbye… Et Bonne St Valentin… 😉

  19. !Wouaou ouaiiiis comme tu sais trop bien raconter, je suis toute émotionnée … et pourtant, je suis pas fan de rugby ! 🙂
    Et ça m’a donné faim ce ptit dej Irlandais, aaaah les sausages !!! slurtch !!! C’est ce qui me manque ici !!

  20. Pingback: Goûter anglais / irlandais, direct from Marks & Spencer Food Hall - scones, muffins, cake | Merci pour le chocolat ! - blog féminin, blog de maman

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