motivation

Vendredi dernier. Ça fait 15 jours exactement que Mamzelle n’a pas reposé le pied par terre… Pourtant il n’y a plus aucune trace de purpura, la cheville a dégonflé mais Mamzelle refuse de quitter ses béquilles. La date du concours de danse approche, et elle n’a pu assister qu’en simple spectatrice aux dernières répétitions. Espérant la motiver un peu, je lui annonce que si elle ne remarche pas la semaine prochaine, il faudra songer sérieusement à annuler sa participation. Il reste encore énormément de travail, et un mois pour se préparer, ça ne sera jamais suffisant.

Mamzelle se met à pleurer. Ce concours, elle veut le faire. Alors j’use de toute la diplomatie dont je dispose pour la persuader d’au moins poser son pied sur le sol. Je ne lui demande ni de marcher, ni même de s’appuyer dessus, un simple contact avec le sol suffira. Courageuse, ma fille pose le pied avec précaution, un oeuf aurait pu remplacer le carrelage sans se briser tant elle y va doucement. Grimaces, et re-pleurs de découragement. On recommence une fois, deux fois, vingt fois. Au bout d’un moment, la miss semble s’habituer et ne se plaint plus. Pas question pour autant de prendre appui sur ses deux jambes.

Elle s’assoit sur le canapé, je vais chercher mon huile de massage à l’arnica, et pendant un bon quart d’heure, je lui malaxe la plante du pied, la cheville, le mollet. On se promet mutuellement de refaire ça tous les jours. Il FAUT que mercredi prochain Mamzelle marche, sinon, on annule tout.

Le lendemain, samedi, Mamzelle passe 3 heures à l’école de danse à regarder ses petites copines travailler avec acharnement. Assise, sans bouger. Ses béquilles à côté d’elle.  Je sens que la partie est perdue.

Le soir, nous avons des invités à la maison : Machistador et Zaz, notre prof de danse classique. Durant l’apéritif, Zaz prend Mamzelle à part. Et lui tient exactement le même discours que moi la veille. Mercredi, c’est le dernier délai. Ça ne sert à rien de présenter devant un jury une variation en individuel si elle n’a pas pu la travailler correctement. Il faudra remettre ça à l’année prochaine. Ce n’est pas si grave, après tout. Elle n’a que 8 ans et demi, et toute la vie devant elle.

Mais Mamzelle ne l’entend pas du tout de cette oreille.

Alors Zaz lui demande de lui montrer comment elle se tient debout, sans ses béquilles. La miss s’exécute, elle pose prudemment son pied au sol. Puis fait une demi-pointe, et plie les genoux. Croyez-le ou non, cinq minutes après, Mamzelle marchait comme si de rien n’était, un peu raide, certes, mais sans boîter, ni rien. Dix minutes après, elle nous montrait sa variation de classique sous nos yeux éberlués. Elle avait dépassé sa trouille d’avoir mal, motivée par notre amie. Comme quoi, parfois, une mère, ça ne peut pas tout faire. Et vous savez quoi ? Tant mieux !

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(Sinon, quelqu’un aurait la source de la photo qui illustre ce billet ? Merci !)

Edit: Merci Camille, il s’agit du livre Itinéraire d’Etoiles d’Ariane Bavelier et Nathalie Hochman)

20 Commentaires

  1. Mais c’est génial, ça, si elle peut participer au concours de danse!
    Comme quoi, le mental influe énormément!
    Je suis contente pour Mamzelle!
    Fais lui un gros bisous pour son courage!

  2. Ben oui même si on est souvent des « wonder woman » (un peu de fleurs, ça ne fait pas de mal) on a nos limites. Bravo à la petite mamzelle et bonne chance pour le concours.

  3. aaaah la danse classique ! j’en ai fait 4ans puis ma prof, déséspérée par mon cas, m’a conseillé de plutot tenter la modern-jazz… un an un plus tard la prof de modern-jazz me conseillait de passer au tennis 😀

  4. J’aurais adoré que mes parents me poussent à faire de la danse classique… Ca donne un si joli maintien.
    Pourvu que tout se passe bien pour mamzelle!

  5. Une bien belle issue.
    Il faut parfois quelqu’un d’extérieur pour qu’aboutisse une idée que tu avais fait germée.
    Un travail d’équipe en somme.
    Tous mes vœux de réussite à Mamzelle pour le concours du mois prochain.
    Bizz

  6. C’est dur de savoir qu’on ne peut pas être le moteur inconditionnel de nos têtes blondes; que quelqu’un d’autre que nous arrivera à leur faire dépasser leurs limites : la maitresse, le prof de danse, le tonton, l’inconnu du bus … Ca fout un sacré bourdon, et en même temps, ça veut dire qu’ils grandissent et que l’avis seul d’une maman n’est pas le seul critère qui leur permet de vivre, c’est plutôt rassurant finalement. C’est l’autonomie, et qui leur a permis d’atteindre cette autonomie? Je te le donne en mille, c’est nous. Ca veut dire finalement qu’on arrive à ce vers quoi on tend, faire devenir à l’enfant un adulte. Moi, je dis, t’es une super maman. Je croise les doigts pour le concours de Mamzelle.

  7. Bravo Mamzelle …

    Et tu sais quoi, même si le déclic a eu lieu avec ta copine c’est ton amour et la confiance que tu as en elle qui a porté ta puce 😉

  8. Pas facile d’avoir la double casquette coach et Maman … Même souci avec ma Miss suite à sa chute de cheval. En un clin d’oeil, devant des yeux non maternels, tout a été réglé !!!
    Alors maintenant, bon courage à Mamzelle pour le concours.

  9. Mamzelle coquine qui avait besoin :
    1/ d’un petit massage et de minutes en tête à tête avec sa maman
    2/ de sa prof qui lui disait à sa manière ce que sa maman lui avait déjà dit…
    3/ de beaucoup d’attention c’est dur d’être grande et de flipper à l’arrivée d’un concours
    Bah oui on ne peut pas tout faire et tant mieux !!! d’ailleurs je pense à te refourguer mes 4 crapouilles pour faire passer quelques messages. tenpenskoi ?

  10. La lectrice de l'ombre Répondre

    Y’a pas à dire : avec une bonne motivation !!
    J’ai remarqué aussi avec mes enfants que l’intervention d’une personne extérieure etait bien souvent une bonne chose. Les enfants ont un peu tendance à se laisser aller avec nous : pour preuve, ce qu’ils sont capables de faire quand c’est la maîtresse qui le demande, ou quand les copains/copines le font….

    Sinon, pour la photo, ça me dit rien mais je ne suis pas une spécialiste de la danse

  11. la photo? Oui.
    Itinéraires d’Etoiles.
    Mon livre préféré.
    Epuisé.
    J’ai mis un an et demi à le trouver….

    en tout cas, un gros bisou a Mamzelle, suis persuadée qu’elle va réussir à tout cartonner!

    :dot: Rhaaaa, merci Camille, je savais bien que Delphine ou toi vous le sauriez !!! (j’ai fait la bêtise de renommer toutes mes photos de danse dans mon ordi !)

  12. Camille, j’allais le dire !

    Ce sont les jambes des élèves de l’école de Danse de l’Opéra de Paris 🙂

  13. Justement en voyant la photo, je me suis dit qu’elle était superbe !
    ça me fait bizarre mais je ne peux pas m’empêcher d’etre touchée à chaque fois que j’aperçois des pointes…
    Pfioulala ! quels beaux souvenirs d’enfance et d’adolescence tout ça… 🙂

    (et puis je suis ravie pour Mamzelle et j’adore tes récits de danse !)

  14. Comme quoi, les conseils des psys, faire appel à quelqu’un extérieur à la famille, ce n’est pas que des bêtises. Je n’en revient pas de ton histoire. Sans doute cette force morale intérieure qui fait que l’on guéri (ou non) d’une maladie.

  15. Bravo et un grand élan d’admiration à ta puce pour avoir réussi à dépasser ses craintes…
    J’aurai adoré avoir une fille qui fasse de la danse classique!… Elle doit être grâcieuse comme tout la tienne…Bizbye

  16. Waouh !! C’est mieux que le miracle de Moïse qui ouvre la mer en deux ça !

    Je suis sur que ta petite Etoile sera fabuleuse à ce concours !

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