11 Novembre… Première Guerre Mondiale… 14-18… Armistice…
Ces mots, ces dates me parlent, forcément, même si je me sens bien plus concernée dans mon histoire personnelle et familiale par la Seconde Guerre Mondiale. J’ai connu et je connais toujours des personnes qui ont vécu la seconde, tandis que seul mon grand-père paternel est né avant le cessez-le-feu du 11 novembre 1918 et la signature du Traité de Versailles en 1919.
Autant les anecdotes familiales fleurissent sur les faits de guerre et de résistance entre 1939 et 1945, autant sur la Première Guerre Mondiale, ses tranchées, ses gazés, ce charnier, très peu de choses. Un arrière grand-père cavalier se rendant compte qu’un éclat d’obus lui a transpercé la cuisse en descendant de cheval des heures après, le soir venu. Et trois photos, trouvées chez ma Mamisa en avril dernier.
Mon grand-père paternel est né en 1906, dans les Hautes-Pyrénées. Il est le plus jeune d’une famille de trois garçons et ses frères aînés sont bien plus âgés que lui. Je ne sais rien d’eux, si ce n’est que cette satanée guerre, ils l’ont faite, et ils y sont restés. Cette branche de la famille s’est retrouvée brutalement réduite à mon seul grand-père.
J’aime ces photos, particulièrement la première. Mon grand-père si petit garçon entouré de Joseph avec son léger sourire et sa mèche blanche en signature familiale, et Louis, le visage taillé à la serpe et le regard grave. Mon grand-père et Joseph ont l’air si proches… Louis est si sérieux, presque sévère.
J’aime déceler dans ces deux beaux visages des ressemblances, des airs de famille avec mon père, ma tante, mes frères, mon cousin, peut-être moi. Ces regards, cette mèche, me parlent, malgré tout.
C’est une belle journée pour se souvenir de ceux que je n’ai pas connus et dont je ne sais rien, 90 ans après.
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21 Commentaires
J’en parlais ce week end avec ma Mamie. Le week end post-Toussaint et pré-11 novembre fait parler des morts on dirait.
Tout ce que j’ai appris samedi, c’est que les chaussures des soldats de la Première guerre mondiale étaient super solides, mais c’est déjà pas mal (on a dû faire changer de place les corps de gens de la famille morts à la guerre, et 80 ans après leur enterrement, les seules choses qui restaient, comme neuves, c’étaient les chaussures)
Ne me remercie pas pour ce commentaire d’une gaité sans égale
:dot: Ben si, je te remercie, parce que je ne savais pas, et ce genre « d’anecdote » est hyper touchante.
Tu as connu aussi ton autre grand père maternel qui était dans les transmissions téléphoniques à Salonique et a participé à la bataille des Dardanelles pendant la première, sa spécialité lui ayant permis de faire de l’écoute secrète des Allemands pendant la seconde guerre.
:dot: Arrière-grand père maternel, tu veux dire… je ne connaissais que son rôle d’espion durant la 2nde guerre mondiale, en fait.
Mon grand père en parlait toujours avec émotion : né en 1914, il n’a vu son père qu’à l’age de 4 ans car il était prisonnier.
:dot: Heureusement, son père a fini par rentrer ! Brrr, il y a tant de ‘petites’ histoires dans la grande, c’est effrayant.
c’est dingue comme c’est frappant: Petitou c’est le portrait de ton grand-père, petit. Avec un peu de toi au milieu :))
:dot: Tu trouves ? c’est marrant, je n’arrive pas à le voir !
le commentaire d’ashley, on le trouve beaucoup dans « le voyage » de Céline, avec des métiers carrément liés au trafic de chaussures des morts.
Et pour une fois, j’ai bloggué marronnier moi aussi, le 11 novembre est mon sujet du jour (option… rock et culture, lol, on ne se refait pas).
:dot: C’est vraiment glauquissime ! 🙁
je crois également que notre arrière grand père paternel (le papa de notre papi j’entends!) a reçu une médaille pour ses exploits au cours de la première puis de la deuxième guerre. Il y a un article de presse avec une photo de la remise de médaille encadrés quelque part(soit à Saint Martin de Crau soit à Toulouse!)
:dot: C’est l’arrière-grand-père (maternel 😉 ) cavalier dont je parle au 2ème paragraphe. Le cadre est chez Papi & Mamie, dans leur chambre.
Contrairement à toi, j’ai connu des survivants de cette guerre, en assez grand nombre pour en avoir vraiment entendu parler.
C’est pour cela que j’ai à coeur de commémorer ce 11 novembre.
Ce qui est affreux dans ton histoire, c’est précisément l’absence de survivants…
:dot: Je n’ai compris que très tard pourquoi j’avais si peu de famille du côté de mon père… rien à voir avec la branche maternelle, avec des cousins issus de germain à foison !
Je n’ai pas eu de « témoignages » en direct de survivants du front, je me souviens juste que ma grand-mère, à la question « t’as déjà été en prison, toi ? » que je lui avais posée innocemment vers 5-6 ans, m’avait répondu très sérieusement :
« oui, pendant la guerre. Parce que j’avais volé des patates aux allemands. J’avais 12 ans ». Elle était née en 1903. Pas de combattant dans sa famille, car tous de nationalité belge…
:dot: Argh, en prison à 12 ans, quelle horreur…
Tiens, vivant à l’autre bout du monde j’avais presque oublié que le 11 novembre c’est l’armistice. Ici on fête ANZAC Day (Australia New Zealand Army Corps) pour commémorer toutes les guerres et principalement la bataille de Galipoli en 1915 qui a été le déclancheur de « l’indépendance » des deux pays.
Comme toi c’est vrai que la première guerre est une guerre dont je n’entends jamais parlé. Mes grands parents ont tous connus les 2 guerres (nés en 9, 11, 12 et 13) mais ils ne nous ont parlé que de la seconde. Peut-être étaient-ils trop jeune? Peut-être qu’à cette époque ça ne se faisait pas de « parler ». Je ne sais pas.
Alors que je sais que pendant la deuxième mon grand-père paternel a été fait prisonnier et a réussi à s’échapper en se faisant passer pour mort (jamais eu de détails sur la chose par contre), que mon grand-père paternel était en charge des divertissements (théatre, radio) pour les soldats américains basés en Nouvelle Calédonie pendant la guerre du Pacifique.
:dot: On parlait bcp moins à cette époque, c’est certain (sauf peut-être chez Calpurnia 😉 ). C’est dommage, parce que la mémoire se perd vite, et rien ne se transmet…
les photos sont très touchantes et le récit aussi!
:dot: Merci Maria… j’aurais aimé en savoir plus, j’aurais eu plus de choses à raconter.
Belles photos, mais dur d »y trouver un air de famille (sauf papy)
Le cadre dont parle Sandie, si c’est celui auquel je pense (il était dans le salon à Perpignan ?), il me semble qu’il est à Toulouse.
Sinon, c’est la première fois depuis que je suis en Allemagne un 11 novembre ou un 8 mai qu’on ne me demande pas pourquoi personne n’est joignable en France.
Ca évite des réponses évasives et pas forcément évidentes à dire (surtout pour la première, la fin de la deuxième symbolisant la fin d’une période sombre pour les Allemands)
:dot: C’est « marrant », je pensais que 90 ans après, il n’y aurait plus cette gêne… Tu ne trouves pas que Joseph a vraiment un air avec Papa et notre tante ??
J’aime beaucoup ton blog et c’est le titre chocolat qui m’attire….
:dot: Merci Eleonora ! j’espère que tu ne viens pas que pour le chocolat, parce que je ne suis pas une super cuisinière 😉
Ici au Canada le 11 novembre c’est le jour du souvenir (mais c’est pas férié), en hommage à tous les Canadiens morts à la guerre (quelle qu’elle soit).
La 1e guerre ne me touche pas trop car mes grands-parents sont tous nés après (pourtant je suis un poil plus vieille que toi ou que Tink par exemple !), mais voir ces photos… j’adore voir de vieilles photos et imaginer la vie avant et après la prise de vue, ça a du te faire un drôle d’effet en les trouvant !
:dot: Oui, un drôle d’effet… je suis hypnotisée par leurs visages, et les regards…
Pareil que ManouG, sur la 1ère photo, j’ai immédiatement vu Petitou (mais pas sur l’autre photo).
:dot: Il faut dire que sur la 2nde, il fait quand même un peu la grimace !! 😆 C’est fou, ça, je ne vois pas ce qui vous saute aux yeux… le regard peut-être ?
C’est extrèmement touchant et ça fait du bien.
Oui, il ne faut pas les oublier et c’est par ce genre de petites histoires que leurs mémoires restent vivantes …
:dot: C’est tout ce qu’il nous reste d’eux, en tout cas…
Chez mes parents, il y a, sur une étagère, une vielle boussole. Quand j’étais petite, c’était formellement interdit d’y toucher! Cette boussole, c’est celle que portait mon arrière grand-père pendant la guerre, quand ils se faisaient tirer comme des lapins avec leur pantalon rouge! Heureusement, il en est revenu sain et sauf, sinon je ne serais pas là! 🙂
A chaque fois que je la regarde, je suis émue et je pense à lui, qui est mort quelques mois après ma naissance et dont je n’ai donc aucun souvenir.
Du côté de ma mère, il y avait 2 jumeaux, Emile (mon arrière grand-père) et Jean. Avant la guerre, Emile, voulant éviter le service militaire à son frère, le convainc d’y aller à sa place (pour les jumeaux un seul sur les deux devait « servir »). Malheureusement, il ne pensait pas que, quelques années plus tard, ce cadeau enverrait son frère Jean dans les tranchées… (celui qui va à la guerre, c’est celui qui n’a pas fait le service militaire!). Il en était malade! Heureusement, il en est revenu avec pour seule séquelle une légère claudication (souvenir d’un éclat d’obus).
C’est vrai qu’on connait à peu près tous les grandes lignes de cette guerre mais les témoins et survivants étant désormais si rares, il nous manque ces histoires vécues, qui rendent les choses tellement réalistes… heureusement, il existe encore des personnes pouvant témoigner de la 2nde guerre mondiale et il faut en profiter tant qu’il est encore temps!
:dot: C’est terrible cette histoire de jumeaux !! (et pas super logique, mais bon… la guerre c’est un truc très con)
C’est un bien touchant billet. A la maison, on ne devait pas en parler, strictement interdit d’évoquer la Grande Guerre, de l’Allemagne même, mon père y ayant fait son service militaire, apparemment mal vécu, de parler de ma grand-mère décédée en 56. Du coup, mon grand-père paternel s’est éteint sans que je sache quoique ce soit de sa vie.
:dot: Rien de rien ? quel dommage…
Ma grand-mère adore ressortir toutes ses photos et nous en raconter les histoires. On a aussi en notre possession le journal de guerre de mon arrière grand-père dans les tranchées. Mon oncle l’a retapé sur Word.
Biz
:dot: Quelle chance d’avoir ce précieux témoignage ! moi ça me manque vraiment, de ne pas savoir…
Bonjour,
malheureusement plus personne dans ma fille est vivant aujourd’hui pour nous raconter ces histoires, mais il me semble très important d’en parler afin que nos enfants sachent… Mon fils de 7 ans a compris réellement cette année ce qu’il s’est passé, ma fille de 3 ans a fondu en larme devant le récit de son frère…. nous nous sommes rendus aux commémorations dans notre ville…
:dot: 7 et 3 ans, c’est tellement jeune… mais en même temps, tu as raison, c’est important d’en parler. Parce qu’on sait bien que l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement, mais bon, si on peut l’éviter, hein…
C’est vraiment troublant de tomber sur des clichés si anciens.
Tu es chanceuse d’en avoir!
Il faudrait que je questionne mes gds parents..
Moi je suis restée les yeux rivés sur l’écran de ma tv hier soir
Il y avait un grand reportage sur la Grande Guerre sur France2, avec des images d’archives époustouflantes.
Quel enfer c’était!
:dot: Je n’ai jamais vu de documentaire, juste des films. J’avoue que je ne suis pas « attirée » par cette période, mais ces photos titillent ma curiosité. Questionne tes grands-parents, on ne sait jamais, ils peuvent t’apprendre plein de trucs.
Moi tout ce que je sais de mes ancêtres c’est un portrait de mon arrière arrière grand père, qui était dans la cavalerie, et qui est affiché chez mon grand père, mais c’est vrai que j’aurais adoré en savoir un peu plus!