Longtemps j’ai fait partie de la peu reluisante catégorie des Fangio de la route. Il faut dire qu’apprendre à conduire à Toulouse, ça n’aide guère à opter pour une conduite planplan. Là bas, c’est soit tu t’imposes, soit tu… t’imposes. La possession d’une grosse bagnole puissante facilitant grandement les choses. Fallait me voir sur la rocade le matin, au volant de la grosse Citroën XM familiale, avec mon macaron « conduite accompagnée » collé sur la lunette arrière, alors que j’allais au lycée. Avec mon père, on avait toute une technique pour slalommer dans les bouchons, j’en frémis de terreur rétrospectivement. Mais c’était comme ça, et de toute façon tout le monde faisait pareil. La loi de la jungle. Ensuite, une fois le permis en poche (décroché malgré tout au premier essai), j’ai hérité de la mythique 205 XT de ma maman, une voiture certes toute petite, mais terriblement nerveuse. J’ai donc continué à rouler comme une folle (toujours à jeun, heureusement) le Q bordé de nouilles de n’avoir aucun accident (le portail de mes parents ne comptant pas comme un véritable accident…), ni aucune contravention. Une année à Marseille a fini de perfectionner ma conduite excessive. Marseille est quand même la seule ville que je connaisse qui, pour éviter que les gens ne grillent les feux la nuit, n’a rien trouvé de mieux que de les… éteindre. Hallucinant, non ? En tout cas en 1996, c’était comme ça…

Autant vous dire que quand j’ai débarqué en Bretagne, dans le Morbihan plus précisément, il a quand même fallu que je me calme. Ici les gens roulent doucement le matin, pas trop vite le soir, respectent les limites de vitesse, et jamais, ô grand jamais, ne coupent la route dans les rond-points (il a donc fallu que je me débarrasse de cette vilaine habitude très rapidement). Peu à peu, je me suis assagie, j’ai arrêté de vouloir doubler tout le temps, n’importe qui, n’importe comment, quitte à passer par dessus la voiture qui me précédait. Est-ce l’arrivée de mes enfants qui m’ont fait rentrer dans le rang, ou un début de sagesse venant avec l’âge ?? Je ne sais pas, mais désormais j’estime qu’on n’est jamais à 2 minutes près non plus, et que la vie est trop précieuse.

Par contre, il y a une fâcheuse habitude que je n’ai pas réussi à perdre, ni avec les années, ni avec les enfants : dès que je suis derrière un volant, je me transforme en la pire charretière que la terre ait porté. Faites-moi une crasse sur la route, et je ferai rougir le plus blasé des Bigard avec un flot ininterrompu d’injures et de grossièretés. Mon imagination en la matière est sans limite. Ça m’a déjà joué des tours (ne jamais insulter un type à un croisement, toutes vitres baissées, et juste avant un feu rouge), ça ne m’a pas calmé pour autant.

Et ce sont les korrigans qui se régalent, installés bien sagement dans leurs fauteuils, sur la banquette arrière…

23 Commentaires

  1. Tu as vu ce qui peut arriver à celle qui coupe la route à un Fangio ? Quand je suis derrière le volant, c’est plutôt en star de la Starac que je me transforme, la reine du chant à côté, c’est petite joueuse !
    J’adore mettre la zic à fond, et hurler en pur bonheur, même si aujourd’hui les enfants me demandent de baisser.
    j’aurais au moins gagné cela, mes gnomes ne supportent pas la musique forte !

  2. je crois que ça aussi c’est une tarre familiale (le langage de routier)… mais ça fait tellement de bien de se défouler sur quelqu’un…

  3. :dot: Dom, ouaip, mais moi j’ai jamais poursuivi personne, hein, surtout pas sur un parking 😉
    Pas mal ta méthode pour dégouter les enfants de la musique trop forte… pas sûre que ça suffirait pour mes korrigans, plus ils s’époumonent, plus ils sont contents 😆

  4. oui, quand ta fille de 6 ans te sort un « bon y va avancer ce connard!!!! » alors que tu allais toi même le dire, là tu te dis effectivement , que oui ça doit être génétique!!!
    et c’est super dur de ne pas pouffer de rire et de s’exclamer « non mais tu vas parler correctement! »

  5. hihihi tellement vrai tout ça… la conduite dans le sud est effectivement assez effarante… mon pire souvenir c’est la traversée d’Aix en Provence, et à Toulouse je me suis fait dégonfler les pneus et scotcher entièrement la voiture (comme un paquet cadeau presque)
    mais c’est de retour après 2 ans à Paris que mes proches m’ont signifié que je conduisais comme une cinglée (je mettais mon clignotant pour que les autres se poussent quoi… hum hum), j’ai vite repris les bonnes habitudes de l’auto école.
    Les insultes se limitent maintenant à « pépère » ou « mémère » à cause des cocottes qui se font une joie de tout répéter (ou d’anticiper comme pour Sandie) mais je me souviens de la tronche de mon chéri la 1ère fois qu’il m’a entendue lâcher une bordée d’injures 😀

  6. Dois-je en conclure que dans le sud, la conduite est très aléatoire? Parce qu’à Nice, dans le genre ‘tu t’imposes » c’est pas mal non plus!
    Bon, à part ça, ça te dit un concours de jurons au volant?

  7. Tout pareil pour le langage de charretier, et même pas besoin qu’on me fasse une crasse d’ailleurs, il suffit d’être sur ma route… On se faisait la réflexion avec l’homme l’autre jour, alors qu’AsticotBoy était en train de babiller derrière. Va falloir que je me calme, avant qu’il ne se mette à parler et qu’il n’aille répéter tout ça à la crèche (ça m’embêterait un peu que ses premiers mots soient « ‘spèce de tas de moules »… et encore, ça, ça reste bien soft).
    Par contre j’ai toujours conduit comme une mamie.

  8. Il sera prudent que tu te rappelles que mon ami Alcide Torda, pingouin de son état est policier de métier. Déjà que tu le confonds, ça pourrait te couter des contraventions si tu l’engueules.

  9. Je suis exactement comme toi, sauf que tout le monde a peur avec moi et que je viens d’avoir un petit accrochage de rien du tout avec le fils d’un gros connard (ça fait du bien , même quand on est pas au volant…) et que j’ai décidé de me calmer un peu.

  10. :dot: Noute, faut dire qu’avec mes parents, j’ai été à bonne école… 😳

    :dot: Cassandra, pourtant j’essaie de faire des efforts, hein, mais chassez le naturel et il revient au galop…

    :dot: Sandie, je suis sûre que ça ne doit pas au goût de ton cher mari, tout ça, non ??

    :dot: Maharet, bienvenue ! Si ton AsticotBoy n’en est qu’au stade du babillage, tu as peut-être encore le temps de t’entraîner à châtier ton langage. Peut-être…

    :dot: Luna Pat, tu as la même vision de la conduite « latine » que moi… pépère et mémère, je vais essayer cette technique de substitution, tiens !

    :dot: Delphine, oui voilà, c’est le tempérament latin qui s’exprime, plus une fierté mal placée. Bien que ça se soit bien calmé depuis quelques temps, j’ai l’impression (la peur du gendarme ?). Un concours ? quand tu veux ! mais pas en présence d’enfants, hein !!

    :dot: Moukmouk, je n’insulte pas les forces de l’ordre quand même ! (enfin, pas de vive voix, quoi)

    :dot: Juliettewan, ah oui, va pas risquer un accident ! allez hop, on lève le pied !

  11. Ha je comprends mieux le jeu ENORME du levier de vitesses de la pigeot.
    Pour démarrer, c’était dur de savoir si on passait la première ou la 3ème.
    Et je n’exagtère même pas !

    Agali, qui te rapelle que la XM n’a PASde starter…

  12. Étant une fervente adepte du « de toute façon tu ne gagnes que 2 minutes en prenant des risques », je suis contente de voir que tu as adopté une conduite plus calme! À mon avis il y a une dose de maturité mais l’éducation joue sans doute aussi. Moi mon père passait son temps à me répéter « de toute façon tu le doubles maintenant et tu le retrouves derrière toi à un feu donc à quoi bon » et il n’avait pas tord… So j’essaie vraiment d’être raisonnable au volant mais comme en même temps je conduis rarement ça aide!! En tout cas, en mode passager je suis du genre extrêmement stressée car je ne fais pas confiance du tout aux voitures d’en face…
    Par contre, je ne conduis jamais un voiture sans avoir ma musique à fond (fenêtre fermée vaut mieux) à m’égosiller à tue-tête!!

  13. Pour ma part, je suis passée de la conduite pépère à la campagne à la conduite de folle en agglomération… Quel changement!
    Pour le language, je me contrôle mais il m’arrive de lâcher quelques petites injures pas méchantes 😉

  14. Ah Satanas et Diabolo.. toute mon enfance !

    N’empêche, c’est vrai que les insultes devant les enfants, c’est mal :p

  15. J’ai eu une idée trop d’la balle pour ta future reconversion professionnelle:
    CHAUFFEUR DE BUS SCOLAIRE
    (j’insiste sur le scolaire: plein de bambins à faire brailler c’est utile pour couvrir ton langage de charretier et pouvoir t’exprimer pleinement dans ton art ^^)

  16. :dot: Ah non, Frangibus, le jeu dans le levier de vitesse, il y était DEJA quand j’ai récupéré la 205 ! (ah bon, pour le starter, t’es sûr ? :mrgreen: )

    :dot: Delph, tu es dans le vrai, mais j’ai été baignée dans la Fangio attitude depuis toute petite (avant d’habiter Toulouse, mes parents ont appris à conduire… au Maroc !!!)

    :dot: MissBrownie, dans ce sens, ça doit être encore + difficile ! tu as du te faire de belles frayeurs !

    :dot: Coco, oui, c’est TRES mal 😳

    :dot: ManouG, tu sais que tu as de bonnes idées, toi ??? 😆

  17. Hi, hi, hi! ça me rassure y’a pas que moi!
    J’aime beaucoup m’énerver contre les automobilistes: c’est les seuls contre lequels on peux s’énerver sans en subir les conséquences (sauf en cas de fenêtres ouvertes! ^^) ça ne mange pas de pain, et ça soulage!
    Mes répliques préférée (parmi les politiquement correctes!):
    Pour les 2 de tension, y’a bien sûr le classique « Mais tu l’avance ta ****** de caisse! » mais je dis souvent aussi « Si tu continue comme ça! Bientôt on va reculer! » »
    Pour les piétons qui se jettent sous mes roues, j’aime beaucoup « Si tu traverse, toi, j’te taille un short! (héritage maternel!)
    Pour les papys j’aime bien (à prononcer trèèès lentement): « Attention, papy va prendre le virage. Oh, la, la, ça tourne! » (mais non je me moque pas!)

    Ma préférée: « Quand on sait pas conduire, on s’abstient!!! »

    J’ai tendance à rouler trop vite également (pas bien!) mais c’est quand même pas de ma faute si les autres savent pas conduire? 😉
    Mais je te rassure, je me calme quand j’ai des passager, en particulier les p’tits que je garde!

  18. Il y a pleins de gens très calmes qui se transforment en pas eux quand ils attrapent le volant d’une voiture. C’est bien de t’être assagie, quand même.

  19. Qu’est ce que ça va donner, dans quelques anénes, quand tu accompagnera tes korrigans en conduite, hein, hein?
    tss tss…
    mais ‘javoue que, de mon coté, les mots sortent aussi un peu en vrac, et sans controle, derriere un volant…..!

  20. Ha ha ha!
    Même parcours (sauf que je n’ai pas appris à conduire dans le sud, mais chez les montagnards, ça ressemble…).
    Je me suis calmée après 5 ans de route intensive et surtout avec les enfants (du coup, ma Golf GTI Turbo ne me sert plus à RIEN!).
    Mais pour les jurons, quelle horreur… Il y a quelques temps, les enfants passaient en mode « p*** de b*** de m*** » en entrant dans la voiture… trop la honte.

    Sinon, ça ne m’étonne pas que tu aies réussi à rouler comme une folle avec une 205… moi j’ai fait des trucs incroyables avec ma 1ère voiture, une petite golf de rien du tout. Quand j’y pense…

  21. :dot: Elodie, je t’assure que tu restes terriblement soft par rapport à moi…

    :dot: Fanette, ma propre schizophrénie voituresque me fait un peu flipper, même !

    :dot: MadameNi, toi en golf GTI ? y’a rien à faire, j’ai du mal à t’imaginer en chauffarde ! 😀

    :dot: Camille, ça risque d’être folklo, effectivement !!

  22. Excellent, ça valait un billet pour tout raconter !! Je suis comme toi, je pense qu’on n’est jamais à deux minutes près, et je ne veux pas risquer ma vie (même si le danger vient souvent des autres), par contre les jurons, miam !

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