Ce matin, j’étais conviée à un stage de danse classique donné par Marc-Emmanuel Zanoli, un jeune danseur de l’Opéra de Paris et de l’Opéra de Bordeaux. Prévenue seulement mercredi, et malgré un planning de préparation de fête d’anniv ultra chargé, je ne me suis pas dégonflée, j’y suis allée. Bon, je n’ai pas grand mérite, j’en crevais d’envie, et puis c’est la troisième fois que je danse avec lui, ce n’est pas le grand saut dans l’inconnu non plus. J’aime beaucoup son style et sa technique, et il a beau être talentueux et d’un physique incroyable, il n’a pas le melon, il sait rester accessible et pédagogue, corriger ce qu’il faut sans tomber dans la critique facile, gnangnan ou blessante.

Évidemment, se garer en centre ville un samedi matin, jour de marché, relève de l’exploit et j’arrive en retard. Je grimpe les escaliers quatre à quatre, je me change, et je déboule, déjà suante et haletante dans la salle, bondée. A la barre, il ne reste plus qu’une seule place, tout devant. Tant pis, j’y vais. Un coup d’oeil rapide dans le studio confirme mes craintes : les autres adultes du cours avancé se sont dégonflées, je suis une fois de plus la plus vieille au milieu d’une quinzaine d’ado pré-pubères à la ligne haricot vert. Ahem, surtout ne nous laissons pas impressionner.

Le cours commence, les premiers exercices s’enchaînent. Comme je suis juste sous son nez, Marc-Emmanuel ne peut louper aucune erreur, d’ailleurs il ne se prive pas de me corriger, en me vouvoyant en plus, non mais vous imaginez le comble de l’horreur ? Je donnerai cher pour être une petite souris et disparaître par le premier trou dans le plancher venu ! Arrive l’exercice des ronds de jambe, mon préféré, le plus dansé. Et là, je n’en crois pas mes oreilles, Marc-Emmanuel lâche son premier compliment : « bravo, c’est parfait ! ». Je suis fière comme un pou, enfin décoincée, si je ne me retenais pas je ferais la danse du scalp au milieu du studio. Vous n’imaginez pas à quel point cela me redonne confiance, oublié le décalage de génération (quoi j’exagère ?) avec mes petites camarades, oublié le vouvoiement, oubliés les bourrelets, je peux enfin danser sans complexe.

La barre se termine, il est temps de passer aux choses sérieuses : la variation du répertoire. Nous avons 2 petites minutes de pause pour boire, et pour que celles qui ont amené leurs pointes puissent les enfiler. Telle une nuée de petits moucherons, toutes les filles fuient dans les vestiaires, histoire de consulter les sms sur leurs portables ou de glousser en s’extasiant sur le prof. Moi, l’ambiance cours de récréation du collège lamartine ne me tente guère, alors je reste dans la salle, je bois un peu, je m’étire. Quitte à détonner dans l’assemblée, autant détonner jusqu’au bout. Et de toute façon, l’ancêtre a passé l’âge du fayottage, hein.

Et bien, croyez-moi, je ne regrette pas une seule seconde de m’être désolidarisée du groupe, parce que Marc-Emmanuel a profité de notre tête à tête pour me dire les choses les plus gentilles qui soient. Du genre à me rebooster pour les 15 prochaines années, au moins. Je ne vais pas me la jouer fausse modeste, c’est pas tous les jours non plus que j’entends des choses pareilles. Il m’a félicitée pour mon travail intelligent, ma qualité de placement et la grâce de mes gestes. Rien que ça, huhuhu…

Autant vous dire que quand nous avons attaqué la variation du répertoire, le solo du 3ème acte de Raymonda, j’étais dans la peau du personnage : fière et conquérante !!

Le bonus culturel du week-end : voici donc le fameux solo que nous avons travaillé, interprété par Sylvie Guillem mon idôle, sur une chorégraphie de Rudolf Noureev. Imaginez moi, ok sans pointes, sans tutu, sans diadème et sans la ligne sublime de La Guillem, mais heureuse de danser, et vous comprendrez pourquoi j’ai du mal à toucher terre depuis !

7 Commentaires

  1. Oui bravo Shalima !!! Il faut prendre les compliments de Marco (tu peux l’appeler par son petit nom maintenant, vous êtes potes ;-)) vraiment à leur juste valeur : la technique,……………………………………………….. Puis, je t’imagine vraiment danser avec une réelle joie et ça, je suis sûre que ça transparait aussi chez toi !

    alors, la technique et le bonheur : je dis bravvvvvvoooooooooooooooooooooooo 🙂

    Bisous,

    Fabfab

  2. Dis donc, Shalima…. ‘est génial, ce stage!!!
    « Marc Emmanuel », il a raison, toute façon! je suis sure que tu es géniale en dansant….
    Tout cas, sympa, la Guillem…
    Bisous Raymonda!

  3. Shalima, bon ok, je ne suis pas Marc-Emmannuel, donc le compliment vaut ce qu’il vaut, mais je t’ai déjà dit que tu dansais vraiment super bien et que tu avais énormément de grâce. Alors je suis toute fière pour toi aujourd’hui ;))).
    Bon sang, je n’imagine même pas la patate que tu dois avoir!
    Bravooooooooo!!!

  4. Mamzelle Maupin Répondre

    Ce genre de compliment ça rebooste alors prend et j’en suis sure tu les méritais (pourquoi un pro’ raconterait un bobard hein ?!).

    J’adorerai avoir de la grace, enfin moi c’était plutôt moderne jazz 😉

  5. Merci Maria 🙂

    FabFab, tu ne crois pas si bien dire, la technique aide aussi à s’affranchir des contraintes, et à prendre son pied ! (et les compliments à se lâcher un peu)

    Camille, elle est incroyable, hein ? et encore, c’est en contemporain que je la préfère.

    Merci MadameNi ! De toute façon, avec la morphologie et les capacités physiques qui sont les miennes, faut que je mise tout sur l’interprétation ! ;-)))
    Et c’est aussi grace au travail de ma prof que j’ai pu progresser (et je ne dis pas ça parce qu’elle me lit, coucou Isa ! ^_^)

    Mamzelle Maupin, entre le modern jazz et l’escrime artistique, tu ne me feras pas croire que tu manques de grâce ;-))

    Bon, je devrais aller me coucher, je vous dis pas les courbatures que je me paye aujourd’hui, je marche comme un canard !!!!!

  6. Pingback: Le stage de danse classique | Merci pour le chocolat !

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