J’ai toujours cru que nous habitions un petit village tranquille, au fond d’une impasse tout aussi paisible. Un quartier résidentiel, de jolies maisons, de petits jardins fleuris, des balançoires, des enfants partout. Pas de quoi fouetter un chat, ni en faire une série télé, un quotidien tout ce qu’il y a de plus routinier.

Jusqu’à hier, où notre futur-ex-voisin-d’en-face est revenu chez lui, complètement bourré, a tout cassé dans sa future-ex-maison et a menacé de tuer ses filles avec un couteau… Un sordide mais banal fait divers, pas de quoi faire la Une de la rubrique chiens écrasés, rien de spectaculairement médiatique…

Ce futur-ex-voisin, alcoolique notoire, n’en est pas à son coup d’essai, c’est même la 2ème fois qu’il menace ainsi ses filles. La fois précédente, c’était l’été dernier, nous étions partis en vacances, heureusement un voisin avait réussi à le maîtriser. Sa femme avait alors demandé le divorce, le type était parti vivre ailleurs. Depuis la maison est en vente, notre voisine et ses 2 filles de 13 et 15 ans (des ados super mignonnes, baby-sitter à l’occasion de nos 3 loustics) doivent déménager à la fin du mois.

Hier, donc, j’étais tranquillement allongée dans la pelouse, en train de faire des galipettes avec mon Miniloup fraîchement crapahuteur, mes 2 grands jouaient dans leurs chambres. J’ai bien entendu mes petites voisines sortir de chez elles, mais comme je ne suis pas non plus la concierge du quartier, je n’ai pas fait plus attention que ça. 5 minutes plus tard, MrChéri rentre du travail, et me demande d’un air soucieux si j’ai vu passer les filles, et si je sais pourquoi elles sont en larmes, il vient de les croiser en bas de la rue… euuuh… c’est à ce moment que je remarque la voiture de leur père, garée devant la maison. Nous commençons à nous inquiéter, MrChéri essaye de joindre l’aînée sur son portable, sans résultat.

Comme il est chargé d’aller nourrir le chat de copains voisins partis en vacances, il en profite pour y aller, et jeter un coup d’oeil dans les environs, au cas où il les verrait. Effectivement, les filles se sont réfugiées chez un autre voisin, du genre baraqué. Elles n’ont pas osé venir chez moi à cause des enfants. Elles appellent le petit copain de leur mère pour qu’il vienne les chercher. Celui-ci débarque rapidement, ainsi que le père, toujours aussi saoûl… Evidemment, ça dégénère, le petit copain qui n’en peut plus des provocs du père en vient aux mains, l’autre le menace, l’insulte, ça cogne dans tous les coins… MrChéri essaie de s’interposer pour calmer le jeu, il manque de s’en prendre une !!

Le petit copain, qui est une vraie montagne, finit par emmener de force le père dans la maison, afin de « discuter », ou du moins l’éloigner de ses filles… Celles-ci profitent de ce relatif retour au calme pour appeler les flics. Ceux-ci n’arriveront qu’après que le père ait réussi à mettre les voiles, la gueule bien amochée, mais au moins les filles sont en sécurité maintenant. S’en suivent constat, dépôt de plainte, témoignages. Nous avions prévu de dîner en famille dans un petit resto, mais la maman des filles ne rentrant du travail que vers 21h, nous avons préféré reporter cette petite sortie. Et puis l’envie n’était plus vraiment là, après tout ça…

Difficile d’expliquer ce qui s’était passé à Mamzelle, avec des mots simples et adaptés… elle n’a heureusement rien vu, mais elle a très bien senti qu’il se passait quelque chose d’anormal. Espérons qu’il n’y aura pas trop de cauchemars les prochaines nuits.

Ca me fait vraiment mal au coeur cette histoire, tout ce gâchis, cette famille explosée, ces gamines menacées de mort par leur propre père… je sais que l’alcoolisme est une maladie, que lui aussi est malheureux, malade (victime ?), mais franchement j’ai du mal à le plaindre. Je n’ai pas le recul nécessaire.

9 Commentaires

  1. Brrrr ça fait froid dans le dos cette histoire :-/

    Sinon, j’ai enfin rattrapé le retard que j’avais sur ton blog et j’ai tout lu d’une traite 😀

    Bisous

  2. Il n’y a plus personne en face, elles ont du partir chez leur « beau-père ». Le déménagement définitif est prévu la semaine prochaine, après elles seront un peu plus en sécurité, j’espère…
    Pffff, quelle histoire :-((

    Bravo Amandine, tiens, un bisou pour la peine ! :-))

  3. C’est trash. « Heureusement » en tant que voisins vous avez eu la possiblité de faire un petit quelque chose. Je dis « heureusement » parce que ce we, j’ai assisté impuissante au comportement de parents odieux envers leurs enfants. Je ne m’apesantis pas sur la mère qui rappelle son fils aîné (4 ans peut-être)en sifflant entre ses doigts comme pour un chien, et du père qui y va de giffles et de menaces de ceinture au moindre pas hors de la ligne droite. Alors oui, comme pour le problème de l’alcool, cet homme a probablement été élevé de la même manière. Ce qui n’excuse rien.
    Mais ce qui m’a rendu malade c’est d’avoir ce petit sous mes yeux, en larmes, les imprécations de son père et de ne rien oser faire et dire, de peur d’envenimer sa situation. De ne pas laisser ma fille jouer avec le petit dernier de peur qu’une broutille ne se retourne sur ces petits garçons. Je vous épargne les discours entendus sur l’art et la manière de « mater les caprices ».
    J’en étais malade, la moitié du petit salon sur lequel je travaillais en était malade, sans savoir que faire. Il me semble qu’il faut malheureusement être « proche » pour pouvoir intervenir d’une manière ou d’une autre. Je ne connaissais cette famille ni d’Eve ni d’Adam. Je ne sais pas si l’enfant est gravement battu mais éléver son enfant comme on dresse un chien me semble tout aussi dévastateur.

    Voilà, désolée de monopoliser ces commentaires mais ce que tu raconte a ouvert une vanne bloquée dans ma poitrine depuis 2 jours.

    Mais sinon, bonnes vacances à toute ta petite famille 🙂

  4. La blogtenbulle Répondre

    Je comprends que ça te rende malade, Gabian… Je crois que j’aurais dit quelque chose à ce type. Avec un peu de chance, il se serait rendu compte qu’il n’était pas du tout normal (beaucoup de pères de ce type pensent qu’ils élèvent mieux leurs enfants que les autres). Au pire, il aurait peut-être passer sa colère sur toi au lieu du petit 😉

  5. C’est « drôle » mais la semaine dernière j’ai assisté à une situation qui m’a choquée aussi.

    Je faisais tranquillement mes courses au supermarché lorsque j’aperçois un caddie avec un frère et une soeur qui s’amusent tous les 2. Le frangin (6 ans) fait des ptits chatouilles à sa soeur (4 ans). Ils rient et je trouve ça tout choupinou.
    Sur ce, le père arrive en disant à sa fille : « tu veux que je te claque ? Tu arrêtes de rigoler comme ça ! »

    No comment…

  6. @Blogtenbulle : tu sais, si seulement j’avais été sûre qu’il passe sa colère sur moi… Mais le genre de gars qui ballade fièrement son cran d’arrêt à la ceinture et qui explique à qui veut l’entendre qu’il n’aura pas les même problèmes de caprices avec le petit 2e parce qu’il l’aura mieux maté que le premier, je ne l’imagine pas m’écouter tranquillement lui expliquer mon point de vue…

    @Amandine : un jour j’ai vu à peu près la même scène pour un môme dans un caddie à qui sa mère disait texto « je ne vois pas pourquoi on s’est fait ch… à te chercher un prénom avec ton père, Casse-Couilles c’était parfait ». Le gamin ne la tannait ni pour des biscuits, ni du chocolat ni quoi que ce soit. Il voulait un câlin…

    La vie est dégueulasse certains jours…

  7. On est malheureusement tous un jour témoin de ce genre de violence « ordinaire ». Moi ça me rend malade comme toi, le gabian, et comme toi, je n’interviens pas, ou presque…
    Je suis loin d’être un exemple avec mes enfants, hein, il m’arrive de m’emporter et de gueuler, et parfois sans raison apparente, si ce n’est ma propre fatigue. J’essaie tout de même de renouer le diualogue avec eux une fois la crise passée, parce que je ne veux pas qu’ils croient que c’est comme ça qu’on vit en temps normal, en gueulant. Quant aux tapes et autres fessées, c’est niet !

    Merci pour vos messages 🙂

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