_blank275Ma Mamisa a fêté ses 95 printemps hier. Pour la première fois depuis longtemps, elle a soufflé ses bougies sans nous, car trop fatiguée, elle n’est pas rentrée en France pour l’été, et est restée dans son petit appartement, à Casablanca. Nous avons bien évidemment pensé à elle, et nous l’avons longuement appelée au téléphone, hier soir (en prenant garde au décalage horaire, histoire de ne pas la déranger en plein Question pour un Champion !!)

Voici donc la suite des petites histoires sur sa vie…

Ma grand-mère paternelle, Mamisa, est née en 1913 à Buenos Aires (Argentine) et a vécu toute son enfance à Rio de Janeiro (Brésil). Elle a perdu son père très jeune, sa mère s’est remariée et elle a été élevée par son beau-père. Sa demi-soeur Moune est née en 1925.

Mes arrière-grands parents ont quitté provisoirement Rio en 1932, pour vivre 3 ans en Tunisie, à Tunis. En 1935, ils retournent à Rio, mais tombés amoureux de Casablanca lors d’une précédente escale, ils s’installent définitivement au Maroc. Mamisa y rencontrera mon grand-père, se mariera, aura 2 enfants et y vivra toute sa vie…

En 1956, le Maroc qui était un protectorat français réclame son indépendance. Ce sont les « évènements » de 56. Si l’indépendance est obtenue bien plus pacifiquement qu’en Algérie, les temps sont tout de même agités, et les européens un peu bousculés. Le gouverneur de Casablanca recommande donc à mon grand-père, alors vétérinaire municipal, de mettre sa femme et ses enfants à l’abri quelques temps. Ils choisiront la ville natale de mon grand-père, Lannemezan dans les Hautes Pyrénées.

Mamisa, mon père (8 ans) et ma tante (6 ans) s’installent donc dans la grande – et froide – maison au mois d’octobre, tandis que mon grand-père reste fidèle au poste – et au chaud – à Casa. Pour ma grand-mère qui a toujours vécu dans les pays chauds, le coup est rude… l’automne et l’hiver ne sont pas les meilleures saisons dans cette région plutôt frisquette.

Les enfants vont à l’école. Mamisa a tellement peur qu’ils attrapent froid qu’elle les couvre comme s’ils partaient chaque matin au Pôle Nord. Elle investit même dans des tricots Damart (mon père ne veut plus en entendre parler depuis, il en a gardé une sainte horreur). Car si dehors il fait froid, dans la classe le poêle à bois marche à fond et mon père pique de gigantesques suées dans sa tenue hivernale. Il n’a pas l’habitude de ces variations de température, et n’ose se découvrir. Arrive donc ce qui devait arriver… à cause de ce chaud-froid permanent, il chope un rhume mémorable, son premier !!

A Noël, Mamisa n’en peut plus. C’est une lettre de mon grand-père, lui annonçant naïvement qu’il faisait « à peine 18°C » à Casablanca qui a mis le feu aux poudres : ras le bol de ce temps glacial ! Elle fait ses valises sur le champ, et ses 2 enfants sous le bras, « évènements » ou pas, elle rentre dare-dare chez elle, au soleil.

Depuis, ne lui parlez plus d’hiver en France… elle enfile illico un pull bien chaud, et en grelottant, vous raconte combien elle a souffert du froid, en 56, à Lannemezan !

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12 Commentaires

  1. Elle a sacrément voyagé ta Mamisa ! Quand je pense que pour la mienne, aller à Paris est l’expédition d’une vie (elle a fait ça quand elle était jeune)…

    Je trouve ça merveilleux d’avoir conservé des lettres de cette période, malgré les déménagements !

    Joyeux anniversaire à elle !!

    :dot: Merci Didou ! Yep, c’est une globe-trotteuse, une pro de l’avion !

  2. Pour ma part, j’ai souffert du froid en allant en Tunisie en novembre 😉
    Plus jamais je n’irai là-bas en novembre, il fait trop cru dans les maisons non chauffées …

    :dot: Je te comprends, j’ai testé Casa en Février… 15°C dehors, c’est sympa, mais 15°C au + fort de l’après-midi dans l’appart pas chauffé, c’est un peu glagla !

  3. Joyeux anniversaire, Mamisa !
    Je ris en m’imaginant ton père engoncé dans ses multicouches de vêtements…

    :dot: Hihi, moi aussi !

  4. C’est chouette d’avoir une mamie qui peut encore racconter son histoire avec ses anecdotes… Joyeux anniversaire à elle…

    :dot: Oui, c’est une vraie chance…

  5. Bonjour Shalima!

    je lis les histoire de ta Mamisa (et les autres) depuis un moment déjà et je m’en régale! Tout me semblait un peu loin quand je lis ‘Lanmezan’. Incredible! Mes grands-parents ont passé plus de 20 ans dans un petit village à côté, c’était la fête quand on allait y faire trois emplettes!

    Joyeux anniversaire à ta Mamisa

  6. c’est rigolo, ça me rappelle notre retour en métropole (à coté de Perpignan, l’hiver le plus doux depuis dix ans d’après les locaux) en plein hiver : je ne me rappelle plus que d’une chose des mois qui ont précédé l’été : j’avais froid, mais froid ! et tout le temps 🙂

  7. Pingback: La vie de Mamisa - une question d’hygiène | Merci pour le chocolat ! - blog féminin, blog de maman

  8. tu as raison de dire que les « évènements » furent bien plus pacifiques au Maroc qu’en Algérie ;
    excellente journée ;

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