En route pour la joie (3)

Jour 3 – samedi (J-1)

Vous voyez une bernique accrochée à son rocher, vaille que vaille, même en pleine tempête ?
Vous imaginez un pitbull affamé à qui on tenterait d’arracher le bon steack saignant qu’il tient bien fermement dans sa gueule ?
Et bien moi, c’est pareil. Une fois que j’ai une idée dans la tête, il faut se lever de bonne heure pour me faire changer d’avis. C’est donc la raison pour laquelle, en ce samedi matin ensoleillé, au lieu de me balader avec toute ma famille au marché tellement typique de mon bled, je me retrouve en pleine zone commerciale bondée, à slalommer entre les badauds pour trouver le St Graal. Le dit Graal n’étant autre que des étiquettes pour finir ces fichus ballotins de dragées, toujours en stand bye depuis la mort prématurée de mon imprimante la veille.

Me voilà donc arpentant ma nouvelle boutique préférée (3 visites en moins de 10 jours), cherchant désespérément un bout de carton qui pourrait faire l’affaire, voire même un emporte-pièce pour les fabriquer moi-même, une breloque, un bout de plastoc, c’est pas que je ne sois pas difficile habituellement, c’est juste que là, je suis désespérée. Contre toute attente, je tombe rapidement sur de mignonnes petites fleurs en flanelle orange, il ne restera plus qu’à y faire un trou au poinçon (mon popa ne quitte jamais son Laguiole, il sera content de me le prêter) et un peu de feutre spécial tissu pour marquer le nom et la date, et ce sera farpait. Contente de moi, je me dirige vers la caisse, où la jeune vendeuse qui a du me repérer à force en profite pour me fourguer une n-ième carte de fidélité…

Comme il est déjà 11h du matin (le temps passe vite quand on s’amuse), il est trop tard pour rejoindre ma clique à l’autre bout de la ville. Soulagée d’avoir résolu ce léger problème d’intendance, je me rappelle soudain que j’en ai un second, bien plus épineux encore que le premier : je n’ai pas de chaussures pour mettre avec ma robe, demain. Plus embêtant encore, je n’ai pas de budget disponible ! Qu’à cela ne tienne, il y a une Halle aux Shoes non loin, ça ne coûte pas grand chose d’aller y jeter un coup d’oeil, de toute façon, je n’y trouve jamais rien. D’ailleurs, rien ne m’empêche non plus d’aller farfouiner dans le nouvel Etam qui vient d’ouvrir à côté, des fois qu’il y ait une paire de pompes correctes. Vous n’allez pas me croire, mais figurez-vous que pour une fois, j’ai trouvé mon bonheur dans ces 2 enseignes qui d’habitude me filent limite de l’urticaire : j’ai craqué pour un trench court en coton noir, une tunique noire également, un tshirt gris chiné col V en coton ultra-fin bien loose (le summum du it-tshirt, je l’ai lu sur des blogs des fashionistas parisiennes ^_^), et pour finir une paire de sandales compensées en corde et cuir du plus bel effet. Tout ça pour la modique somme de quasi presque 100€, on ne va pas chipoter, après tout, merde, c’est la fête, et tant pis pour mon banquier (je lui offrirai des dragées…)

Toute honteuse heureuse de mes petites trouvailles, je rentre chez moi en coup de vent, j’ai répet de danse à 13h. Fête de famille ou pas, je m’en fiche, le gala est dans 3 semaines, il est hors de question que je rate le moindre cours ! (et puis ça me fait prendre un peu l’air, chut, ne le répétez pas…) De toute manière, les grands-mères sont brieffées pour assurer l’intendance, d’autant plus que MrChéri est on the road again pour aller chercher son frère (le parrain de Miniloup) à l’aéroport.

Vers 15h, je rentre de ma répet, en nage et crevée, on a bossé comme des malades, mais ce n’est pas le sujet. Le temps de prendre une douche rafraîchissante, de lancer la pâte à gauffres liégeoises dans ma machine à pain (mes invités sont gourmands ET exigeants !) et je m’attaque aux ballotins de dragée. Comme prévu, mon popa est ravi de me prêter son Laguiole, et c’est génial, je perce les petites fleurs en tissu sans souci. J’en suis presque à crier victoire, quand je décide de tester la caligraphie. Et là, bien sûr, c’est le drame ! Feutre spécial ou pas, la flanelle c’est pelucheux, alors ça BAVE de partout !! j’essaye le bic, le stylo indélébile, le crayon noir, le résultat est le même : hor-ri-bleuh !

Au point où j’en suis, je suis résignée… il semblerait que la maffre suprême se soit abattue sur ma maisonnée. Alors je mets tous mes principes de psychorigiditude de côté, et je me rabats sur mon premier projet d’étiquettes, finalement abandonné car je ne le trouvais pas franchement assorti au style des ballotins, et heureusement déjà imprimé sur du papier épais au boulot de MrChéri. Me voilà donc en train de découper aux mini-ciseaux 25 étiquettes en forme de canard (et un canard, c’est loin d’être rectiligne, croyez-moi !). Les grands-mères m’offrent leur aide, mais je suis tellement mortifiée de la tournure des évènements, que je les envoie paître avec toute la délicatesse qui peut me caractériser dans ce genre de situation !

Je termine mes petites bricoles pendant que Mamzelle et mon beau-frère font cuire les gauffres (je ne peux pas être au four et au moulin, nomdidiou !), que tout le monde baffrera bien consciencieusement, même moi, il m’en faut plus pour me couper l’apétit, qu’est-ce que vous croyez ? Puis nous partons en balade dans les champs voisins, histoire de faire retomber la pression et de profiter de l’incroyable soleil. La promenade est charmante, vraiment, on croirait un remake breton de la petite maison dans la prairie. J’en ai même le nez qui chatouille, dites-donc, et le palais qui gratouille… non, ne me dites pas que c’est le pollen ????

To be presque finished…