De l’utilité de patouiller…

J’ai le bébé qui mange le plus salement du monde… Ce petit être de 8 mois a un apétit dévorant, il adore manger à la cuiller, il n’en a jamais assez, c’est peut-être la raison pour laquelle il se colle systématiquement les DEUX mains à la bouche, pourtant déjà copieusement remplie de purée ou de compote ! Ensuite, il balade ses DEUX mains dégoutantes partout, sur et SOUS la tablette de la chaise haute, dans les cheveux, les oreilles, sur les yeux, sur les fringues. J’ai même renoncé au classique bavoir, vite remplacé par un torchon géant, noué autour du cou. Je remonte mes manches, je remonte ses manches, j’éloigne l’assiette du délit le plus loin possible et je me lance dans la bataille. L’issue est sans surprise, l’enfant, la mère et la cuisine se retrouvent inmanquablement recrêpis.

J’ai donc le bébé qui mange le plus salement du monde… Je suis totalement subjective, évidemment, mais ça vient de loin, je ne supporte pas qu’on « joue » avec la nourriture. Les pubs pour les produits laitiers, par exemple, où un tas de djeuns boit à la bouteille et s’en fout partout, ça me fait gerber. Idem quand c’est Melanie Griffith avec ses gamines, et leur petite moustache blanche, beeeerk. Je crois n’avoir jamais balancé une simple boulette de pain, et j’ai toujours fui en courant les batailles de bouffe au réfectoire de la cantine. Non, vraiment, je déteste ça, et je préfère ne pas savoir ce qu’en aurait pensé le Dr Freud !

Mais hier, j’ai pris sur moi, vraiment, car je me suis rappelé que le plaisir de la patouille dégueu, c’est aussi le plaisir de découvrir, que la sensorialité du bébé passe beaucoup par la bouche, mais aussi par les mains. J’ai donc pris une profonde inspiration, et posé le bol de compote sur la tablette de la chaise haute, à disposition de mon petit crafouin. La réaction ne s’est pas faite attendre, il y a plongé les mains voluptueusement, remué ses petits doigts avec avidité. Mais pendant ce temps, il a mangé, la bouche grande ouverte par un sourire de satifaction intense. Et le repas s’est passé tranquillement…

Au final, on a évité le carnage : seules les mains étaient maculées de bouffe.. rien dans les cheveux, rien sur les fringues, même rien sur la tablette. J’étais également épargnée ! Incroyable !
Je venais (enfin) de comprendre que mon bébé avait besoin de toucher sa nourriture, et comme je ne lui en laissais pas l’occasion en éloignant le plus possible l’assiette, son seul recours était de le faire dans la bouche. Et comme je tentais de l’en dissuader, ça l’énervait, et il en foutait partout !!!

Comme quoi, à 31 ans, et après 3 enfants, on en apprend encore tous les jours !
(et c’est tant mieux, non ?)