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mots d’enfants

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Ça faisait des semaines qu’il guettait ce moment.

Excepté à la naissance, Titou a toujours fait partie des poids plume et des mini modèles. Mais depuis quelques mois, il s’est mis à pousser comme un haricot, grappillant centimètre après centimètre avec un enthousiasme non dissimulé. Il a rattrapé puis dépassé sa sœur. L’étape suivante : sa maman.

Miniloup, régulièrement, revient à la charge… « Maman, j’aimerais bien avoir un petit frère »… « Maman, on pourrait avoir un petit frère ? »… « maman, ça serait super si on avait un nouveau petit frère, non ? »

(il ne mentionne jamais l’éventualité d’avoir une petite sœur, non, c’est uniquement un petit frère qu’il veut)
(je crois qu’il en a parfois un peu marre d’être le petit dernier)

Et à chaque fois, la même réponse : « non, mon chéri, pas de petit frère, ni de petite sœur, trois enfants ça nous suffit, c’est ainsi qu’on veut notre famille (et je suis trop vieille pour ces conneries…) »

Bonjour je vous présente CriCri. CriCri le grigri.

Cricri vient de Guadeloupe, nous l’avons offert à Miniloup pour sa fête. C’est une petite poupée vaudou en madras, trop mignonne avec ses yeux en coquillages et son sourire tout plein de dents. Mais le concept du vaudou faisait un peu flipper Miniloup, alors il a préféré décréter que c’était plutôt un porte-chance, un grigri, qui le protégerait…

Sans doute vexé par cette anecdote, Miniloup met les bouchées doubles en anglais pour être lui aussi, un jour, bientôt, super fluent comme son frère et sa sœur.

Ça, pour bosser, il bosse. Il a beau n’être qu’en CE2, il révise, récite, répète sans relâche afin que la langue de Shakespeare ne soit plus un mystère pour lui. C’est donc mi-fier mi-déçu qu’il a ramené le bulletin de sa dernière évaluation d’anglais. Fier car il avait eu un A. Un peu déçu parce qu’il avait fait deux fautes d’orthographe à l’exercice de traduction…

Une chose est sûre, Miniloup n’est pas du genre à manquer de ressource. Son but, clairement avoué, est d’être le chouchou à son papa et à sa maman (surtout sa maman d’ailleurs, Oedipe est au taquet ces derniers temps, mais ceci est un autre sujet). Il redouble d’efforts pour cela, usant de son charme plus souvent qu’à son tour, nous faisant ses yeux de Ricky la belle vie et jouant de la fossette du matin jusqu’au soir.

Son statut de petit dernier de 8 ans est déjà un sacré atout, mais pourtant il désespère de ne pas être le seul, l’unique, l’élu. Screugneugneu de parents égalitaristes. Il a donc franchi une étape supplémentaire hier en mettant au point une redoutable stratégie… Jugez-en par vous même…

C’est pas qu’on soit hyper fluent comme famille, mais comme Petitou et Mamzelle font anglais et allemand au collège, ils aiment bien se la ramener, et truffer leur conversation d’expressions et de tournures de phrase étrangères. Passer d’une langue à l’autre, comme ça l’air de rien, ça fait trop hype, tu vois, et surtout ça énerve bien le petit frère qui se retrouve rapidement largué. Déjà que depuis la rentrée, le pauvre n’arrive plus à en placer une à table (pour ceux qui le connaissent, cela semble difficile à croire, et pourtant si !), si en plus il ne comprend plus rien à ce qui se raconte autour de lui, ça ne va plus du tout.

Alors Miniloup s’accroche, nous demande systématiquement la traduction des échanges entre ses aînés. Comme lui aussi a commencé l’anglais à l’école cette année, il ne désespère pas arriver à s’immiscer de nouveau dans les conversations, comme au bon vieux temps.

Je me demande si nos dernières balades mégalithiques ne sont pas légèrement monté au cerveau de notre petit dernier. Depuis nos balades à Carnac et Larcuste, Miniloup n’arrête pas de chanter, tel un Ben l’Oncle Soul gaulois :

« Je suis un Dolmen
Écoute ça, baby… »

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